CHERS AMIS LECTEURS DE JSF EN QUÊTE ACTIVE D’UN DÉBAT DE HAUT VOL. Éteignez votre télévision, fermez votre livre, bloquez à partir d’aujourd’hui un quart d’heure de votre emploi du temps de chaque jour, pour lire ce dialogue d’il y a 40 ans – une controverse « fraternelle » sur des sujets essentiels – entre Alain de Benoist et Gustave Thibon, tel que vous n’en avez pas lu depuis des lustres. Une cure d’altitude mentale. Passionnés d’Histoire, de philosophie, de politique, d’histoire des idées ou d’histoire littéraire, de réflexion libre et gratuite, étudiants en l’une ou l’autre de ces matières, ne manquez pas cette lecture !
Ce débat s’est tenu à Marseille le 15 avril 1982 à l’initiative de l’Union Royaliste Provençale. Le sujet tient à l’opposition entre la culture traditionnelle française et européenne imprégnée de christianisme que défend Thibon et la vision dite néo-païenne d’Alain de Benoist.
Cette publication sous forme d’une série s’étalera sur quelques semaines. Il en existe un enregistrement vidéo largement diffusé sur divers sites. Avec ses presque 40 ans, cette vidéo est toutefois de piètre qualité. Nous ne faisons qu’en publier le texte retranscrit au mieux mais sans-doute encore améliorable. Durée de la série : autour de 3 semaines. Réalisation : Rémi Hugues – Gérard Pol.
Alain de Benoist — Gustave Thibon
Voir aussi notre introduction : Un débat d’autrefois, passionnant aujourd’hui : Alain de Benoist – Gustave Thibon. Publication à venir sur Je Suis Français sous forme de série …
Maurras entre paganisme et catholicisme. L’Eglise aujourd’hui. L’essentiel du christianisme.
Alain de Benoist (suite) – Maurras faisait ce choix : Maurras, le jeune païen Maurras, de la période 1891 disons jusque vers 1911, le jeune Maurras qui allait en Grèce en pèlerinage à l’Acropole et qui écrivait ce livre magnifique qui devait d’ailleurs s’appeler Promenades païennes et qui finalement s’est appelé Anthinea dont la première édition a paru, si ma mémoire est bonne, en 1901, dans sa formule originale puisque vous savez que l’édition de 1922 est expurgée déjà en fonction de son évolution propre et dans lequel il disait des choses extrêmement critiques à l’égard du christianisme.
Il n’empêche que Maurras s’est rallié à un catholicisme de raison parce que précisément l’Eglise de son temps, sociologiquement et historiquement, constituait encore un élément d’ordre. Je ne suis pas certain qu’aujourd’hui il ferait la même démarche, compte-tenu de ce qu’est devenu le christianisme et de ce qu’est devenue l’Eglise qui l’incarne et qui le représente – non seulement l’Eglise catholique mais également les églises protestantes. Ce qui veut dire simplement que chacun fait son choix.
Lorsqu’on est un chrétien sociologiquement de droite, eh bien ! on se fixe sur le christianisme médiéval, sur le Nouveau Testament et l’on rejette un peu l’Ancien Testament – ce que disait Gustave Thibon tout à l’heure – mais aujourd’hui le christianisme veut faire retour à ses origines bibliques et hébraïques, il veut faire retour à ‘Ancien Testament, par préférence il se référera plutôt à l’évangile de Marc qu’à l’évangile de Jean, puisque l’évangile de Jean est considéré comme plus droitier que l’évangile de Marc, que certains traitent de dérivé du matérialisme. Donc, vous voyez, je considère qu’il faut être très prudent dans ce genre d’aventure et d’appréciation.
Gustave Thibon : Oui, mais ce que vous appelez en quelque sorte adaptation de l’Eglise, je l’appellerai plutôt intégration.
Il est bien certain que les premiers chrétiens, qui dans leur immense majorité, vous l’avez montré, c’est très vrai, étaient des gens incultes, des gens du peuple, si l’on peut dire – le christianisme a pénétré les élites très lentement, à partir du IIe – IIIe siècles – ils sont allés, si l’on peut dire, au plus pressé, n’est-ce pas ? Le message du Christ est arrivé, c’est le message de la vie éternelle, ils l’ont vécu intérieurement comme ils ont pu et, évidemment, la culture leur a échappé.
Alain de Benoist : Le plus pressé, c’est-à-dire la destruction de ce qu’il y avait avant. Pour une loi élémentaire : on ne peut implanter quelque chose que lorsque l’ordre ancien a disparu.
Donc il fallait effectivement incendier les temples, démolir les statues, mutiler toutes ces œuvres d’art de l’Antiquité et vous savez à quel point le massacre s’est fait.
Gustave Thibon : eh ! je le sais bien, je le sais bien, mais la question n’est pas là et alors, peut-être, si on mettait la question dans son vrai jour, vous l’avez dit tout à l’heure, il y a eu certainement des retombées humaines du christianisme qui ont été très lourdes, on pourrait en dire également du paganisme, n’est-ce pas ? Pour le moment nous en montrons le côté positif mais enfin il y avait également le côté négatif qui était tout de même extrêmement sérieux.
On a trouvé des mots : le mot surnaturel, le mot grâce, tout ça, qu’est-ce que ça signifie ? C’est la participation à une vie qui n’est déjà plus la vie de la terre et qui en dépasse, je vous le dis, les antagonismes, les limites, ainsi de suite. Une espèce de bonté et d’indulgence universelles , de miséricorde et d’une miséricorde qui n’a rien à voir avec la sensiblerie qui a été dénoncée par Nietzsche et qui est, je crois, l’essentiel du christianisme. Le reste, le côté culturel, le côté anti-culturel quelques fois, ça fait partie des retombées humaines, on en trouve partout. [À suivre, demain samedi] ■
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Ce débat est passionnant, peut être difficile à suivre quand il est coupé. Aujourd’hui ij’ai pris le temps, j’ai tout relu à la suite depuis le début que j’avais lu, ( ensuite j’avais zappé pris par le tourbillon ) , tout relire, c’est la seule manière d’approfondir ce que disent les deux intervenants; qui d’ailleurs se répondent ; Peut être à la fin il faudra tout réunir. Est-ce possible? Merci en tous cas. Dans le climat actuel ce débat parait surprenant, nous sommes revenus à une autre époque, plus civilisée Quand on observe le ton des débats actuels! ( d’un régime qui rend son encre noire…, et songe aussi à Claire Bretcher, c’était un autre monde de la voir,son regard si captivant…)
Ce débat résonne en nous aujourd’hui car les questions posées , continuent de nous être posées, de nous élever. Peut-il être repris? . certainement, mais par qui? Ce mélange de passion, d’érudition, de culture vraie, mais surtout de réflexion où chacun mouille sa chemise. Qui peut relever le défi? un disciple de Thibon avec Alain de Benoit, il faut à la fois s’engager et pratiquer une rigoureuse ascèse intellectuelle Oui, un défi à relever. Enfin encore merci j »attends la fin avec passion…;