Le nombre de francophones dans le monde a atteint pour la première fois le chiffre de 200 millions (175 millions en 1975), selon le rapport de l’OIF publié à Paris le 6 mars 2007; en outre, le nombre de personnes étudiant en Français est de 118 millions (90 millions en 2002); rappelons que le Français est Langue Officielle dans 29 états de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), qui regroupe 55 États ou Gouvernements, et 13 observateurs… Cette évolution favorable est, certes, très intéressante, mais elle pose le problème de l’action de la France dans ce domaine fondamental qu’est la défense, la promotion et l’illustration de la Langue Française; concrètement: que faisons nous? faisons nous assez? que pourrions nous faire?
Il n’y a pas si longtemps, Mitterand a voulu une « Très Grande Bibliothèque »: mais en fait celle ci n’est qu’une bibliothèque de plus, certes plus grande que les autres, mais absolument pas novatrice dans son concept, ni dynamique dans son fonctionnement et son rôle: on y vient pour lire, comme d’habitude, comme partout, comme toujours; en soi, ce n’est déjà pas si mal, mais la France a un urgent besoin d’autre chose,d’un projet véritablement novateur cette fois: un projet qui coûtera, certes, un peu d’argent mais qui nous en rapportera cent fois plus dans ce domaine vital qu’est l’indépendance nationale, dont le rayonnement culturel -par la Langue notamment- est l’un des fondements les plus sûrs et les plus authentiques.
Pourquoi ne pas imaginer la création d’une banque de données, immédiatement consultable partout dans le monde et à tout moment, et par tous les publics (particuliers, chercheurs, organismes, gouvernements etc…) ; qui, le plus tôt possible ( dans la semaine, la quinzaine ou le mois tout au plus, selon la difficulté du sujet) offrirait la traduction en Français de la totalité de ce qui se publie de fondamental dans le monde (médecine, science, technologie, culture, droit, politique etc…); traduit et disponible dans une langue de référence, élégante et claire, ce service universel, tourné vers le monde extérieur, serait également le meilleur moyen d’enrichir notre langue, de la faire évoluer conformément à son génie propre, de créer le vocabulaire nouveau qui s’impose; nos amis francophones du Canada, d’Afrique, d’Asie et du monde entier seraient évidemment associés à cette grande tâche….; Louis XIV a crée l’Académie Française: n’aurions nous pas, dans cette grande Oeuvre, l’occasion de retrouver l’intuition, le souffle originel de cette grande vision, et de permettre ainsi à la France de continuer à remplir le rôle irremplaçable qui est le sien?
Excellente idée ! Et pourtant je crains bien qu’elle ne soit jamais concrétisée, car elle représenterait un chantier gigantesque et toujours renouvelé qui mobiliserait plus de fonctionnaires que l’Education nationale et le CNRS réunis. De plus, comme la masse d’information serait phénoménale, il faudrait également des services chargés de la filtrer, lesquels ne manqueraient pas d’être recrutés selon ces critères idéologiques qui ne nous plairaient guère. Au demeurant, remplirait-elle le rôle que l’Académie Française s’était vu assigner par Richelieu? N’oublions pas que la France, en 1632, représentait la moitié de la population de l’Europe, et que la puissance précède le rayonnement culturel et non l’inverse. Une deuxième question apparaît en filigrane dans ce texte: le rôle de la « francophonie ». Celle-ci a t-elle pour vocation de magnifier l’influence française? Ou d’organiser le financement par la France des administrations d’outre méditerranée? Je laisse à votre lucidité le soin de répondre à cette question.
Mon opinion est qu’il faut d’abord sauver notre pays de la submersion et de l’extinction avant de chercher à « jouer un rôle ».