Il est donc difficile de rester serein devant une telle provocation: surtout que, « in cauda venenum », Christiane Taubira a cru devoir prendre la parole pour « clôturer les débats » (?!) et s’est exprimé ainsi -au nom de la candidate socialiste, qu’elle représentait officiellement-: « Si Ségolène Royal a tâtonné en matière d’immigration, elle a aujourd’hui les idées claires: elle est du côté de l’humanité »!: Suffisance et mépris des autres, contentement de soi et auto-satisfaction poussée au paroxysme: voilà bien la gauche la plus idéologue -donc la plus aveugle-, qui se croit parfaite en tout! Giscard avait « cloué le bec » en son temps à François Mitterand en lui lançant son fameux « Vous n’avez pas le monopole du coeur! », qui est toujours d’actualité aujourd’hui, et même cent fois plus qu’hier!
Il convient donc de ne pas tomber dans le piège grossier de la provocation qui est tendu là, mais de dénoncer en même temps sans aucun complexe et sans aucune faiblesse cette tartufferie scandaleuse, cette mauvaise foi écoeurante; et de le faire sans céder, bien sûr, aux amalgames réducteurs: on le sait, le racisme nous est fondamentalement étranger, et ce sont au contraire les républicains et la Révolution qui ont implanté cette idéologie en France, qui ne l’avait jamais connue auparavant, pendant les mille ans de Royauté….
Mais cela ne doit pas empêcher que l’on dénonce et que l’on démonte le mécanisme mis en place par la partie la plus idéologue de la gauche et de l’extrême gauche: ce processus de « substitution démographique » dont parle la démographe Michèle Tribalat, donnée toute nouvelle et fait unique dans notre histoire, qui modifie radicalement la donne et qui change totalement les règles du jeu politique et électoral. La gauche s’est livrée à ces populations « récentes », ces « jeunes des banlieues » qui sont pour Chirac « les enfants de la République » (!) et dont Ségolène Royal se veut la « Présidente » (« Je serai la Présidente de la France métisse »…). Ce faisant, elle a cru trouver, temporairement, des troupes de remplacement, pour pallier la défection régulière de ses électorats traditionnels; mais ces nouvelles catégories d’électeurs viendront forcément avec de nouvelles mentalités, de nouvelles demandes, de nouvelles exigences, porteuses de problématiques et de tensions pour l’instant insoupçonnées, ou délibérément occultées…
C’est le thème archi-classique de l’apprenti-sorcier: madame Royal et ses amis (RESF entre autres…) mettent en mouvement des forces nouvelles qui vont leur permettre dans l’immédiat -du moins c’est ce qu’ils croient…- de maintenir ou d’augmenter leur représentation électorale; mais leurs « valeurs » seront elles assez fortes pour s’imposer aux nouveaux venus, pour les « éduquer politiquement » en quelque sorte, et les intégrer tout naturellement à des pratiques électorales bien établies? ou bien ceux-ci imposeront-ils très vite de nouvelles façons de penser, de faire, donc d’agir, dont nul ne peut dire pour l’instant ce que cela pourrait bien donner?
Tout au long des XIX° et XX° siècle, et même lorsqu’ils s’opposaient sur la politique, on sait bien que l’Instituteur et le Curé de nos villages proposaient en fait la même « morale » et les mêmes règles de vie commune aux habitants, que ceux-ci votent à droite ou à gauche; le corps électoral se divisait sur le choix de ses députés mais il était homogène dans ses moeurs, ses coutumes, son mental; depuis 1975 s’est produite une fracture ethnique, dont on voit mal comment elle resterait sans aucune conséquence politique; et aujourd’hui, certains font un pari fort optimiste (inconscient?): ils mettent leurs espoirs dans des populations nouvelles, dont les « fondamentaux », comparés aux nôtres, sont souvent différents et étrangers dans le meilleur des cas; contradictoires voire incompatibles dans le pire: est-ce bien raisonnable? Jaco, le perroquet du Conte de Bainville « Jaco et Lori », répétait régulièrement « Ca finira mal! »: et pour nous, « ça » débouchera sur quoi, « ça » finira comment?….
Cording1 sur Ce crime impuni, contre l’honneur paysan
“Le monde paysan selon Gustave Thibon est mort depuis longtemps. Les paysans sont plus entrepreneurs de…”