Les anti mondialistes ont eu le nez creux il y a quelques temps, lorsqu’ils ont décidé de changer leur nom et de s’appeler désormais « alter mondialistes »; en effet, au delà du simple changement de mot, c’est une vision plus conforme à la réalité et surtout plus dynamique qu’ils mettaient en place; avant, lorsqu’ils étaient « anti-mondialistes », ils faisaient en fait du « suivisme », ils semblaient toujours courir après les autres, qui eux (à Davos et ailleurs…) proposaient quelque chose; les anti mondialistes ne proposaient pas, ils étaient « contre »; « contre » une mondialisation qui, de toute façon -pour le meilleur ou pour le pire- avançait inexorablement, conquérante et déferlante; ils attendaient presque de savoir ce que disaient leurs adversaires, puis ils contestaient et rejetaient: même lorsqu’ils émettaient des idées justes ils avaient toujours un temps de retard; le mouvement ne venait pas d’eux, ils se plaçaient toujours sur le terrain de leurs adversaires, et toujours d’une façon négative, pour refuser et critiquer…
Tous les stratèges et tous les tacticiens savent que c’est précisément ce qu’il ne faut jamais faire; alors ils ont changé, et radicalement: en s’appelant « alter mondialistes », ils devenaient en quelque sorte les « égaux » de ceux qu’ils combattaient jusqu’à présent d’une façon vieillote et rétrograde, passéiste et inefficace; même si ce n’était pas du point de vue de la richesse, de la puissance (telle n’était d’ailleurs pas leur prétention), ils devenaient leurs égaux du simple fait qu’ils devenaient eux aussi une force de propositions; et parce que, dorénavant, ils allaient changer de posture intellectuelle: ils devenaient dynamiques, ils ne proposaient plus « d’être contre », ils proposaient « autre chose »; cela pouvait sembler peu, ou un simple artifice, un « jeu de mots »; pas du tout; le changement était profond, et substantiel…on en voit d’ailleurs les effets positifs, pour eux et pour leur mouvement, depuis qu’il s’est produit….
Ne devrions-nous pas nous inspirer de cet exemple, nous qui traînons depuis des décennies ce terme peu et mal compris de « contre-révolutionnaires », de « contre révolution », mot par ailleurs lourd et compliqué; et si nous nous appelions plus simplement « alter révolutionnaires »? La Révolution nous a apporté un abaissement de la France stupéfiant, un « grand bond en arrière » dont l’Histoire n’offre pas d’autre exemple, en même temps qu’elle a crée les Totalitarismes qui ont fait du XX° siècle le plus « riche » de tous en horreurs et en barbarie. Comme la mondialisation dont nous parlions plus haut, cette Révolution est -malheureusement- bien installée, c’est un fait; elle est là, bien présente, et elle poursuit son oeuvre de destruction; et elle se moque de notre opposition; quand bien même répéterions nous mille fois que nous sommes « contre », en quoi cela aura-t-il fait progresser nos idées? en quoi cela aura-t-il ouvert les yeux de nos concitoyens?
Alors que nous sommes les seuls -et c’est là notre force et notre originalité profonde, et irremplaçable- à proposer aux Français une « autre » voie, qui serait une vraie révolution par rapport à celle qui est installée: plutôt que de nous « opposer » nous devons « proposer », tout simplement parce que nous sommes les seuls à pouvoir le faire puisque les seuls à être porteurs d’une « autre » vision; et si nous ne le faisons pas, qui le fera? nous pensons qu’il faut « arrêter les frais », et que de cette révolution vraiment funeste il n’y a, a proprement parler, rien à conserver, à cause de « sa désolante pourriture »: le mot est de Pierre Boutang, qui exprimait clairement cette idée, à la fin de son ouvrage « Reprendre le Pouvoir » lorsqu’il écrivait :
« Notre société n’a que des banques pour cathédrales; elle n’a rien à transmettre qui justifie un nouvel « appel aux conservateurs »; il n’y a d’elle proprement dite rien à conserver. Aussi sommes-nous libres de rêver que le premier rebelle et serviteur de la légitimité révolutionnaire sera le Prince chrétien ».
Que voilà une intéressante question ! J’y trouve du réconfort car la problématique contre-révolutionnaire a été volontairement délaissée depuis quelques années, au profit du souverainisme, d’une part, de la « réforme des institutions avant tout », d’autre part. Les plus anciens d’entre nous se souviendront peut-être de Maurice Jallut et de la « cathédrale effondrée ». Le nom de contre-révolution est effectivement lourd et compliqué. De plus il ne résoud aucune contradiction. Château-Jobert avait inventé « contrerévolutionnaire », qui n’était pas fameux non plus. Il y a aussi traditionaliste, traditionniste selon l’expression de D. Venner. Alter mondialiste signifie que les antimondialistes sont aussi mondialistes, mais différemment. On peut aussi imaginer traditionalistes-révolutionnaires, mais cela paraîtrait canularesque. Il faut réfléchir.
J’arrive tardivement sur ce sujet… mais permettez-moi de vous préciser que j’étais plus souvent à l’étranger qu’en France !
Je voudrais vous signaler que Maurice Jallut a écrit « Propositions pour un nouveau régime » et non « La cathédrale effondrée » qui est de Pierre Debray et Henri Massis.
Bien amicalement,
RP