Sans le Roi, dans la république telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, nous avons une sempiternelle et répétitive opposition droite-gauche, qui représente de moins en moins de choses; qui est de plus en plus mal perçue par l’opinion; qui lasse et détourne de la « chose publique » de plus en plus de citoyens…Avec le Roi (c’est le projet novateur que porte le Prince Jean) ce jeu stérile redevient l’expression normale, saine et souhaitable de la perpétuelle remise en cause des opinions, des projets, des propositions: tout simplement parce que -comme dans les autres royautés européennes- les partis ne sont plus seuls; ils n’occupent plus tout l’espace à eux seuls; ils représentent l’opinion, chose positive et indispensable, mais avec eux, à côté d’eux et au-dessus d’eux, la Permanence de la Nation est assurée…en permanence par le Roi, qui incarne ce qui ne change pas; à savoir le destin collectif, venu du fond des âges et tendu vers l’avenir, de cette « communauté de destin » qu’est la Nation.
Il suffit de pas grand’chose (« il suffirait de presque rien » dit la chanson…) pour que ce qui est désespérant en République, par sa répétition lassante et sans perspective (le jeu des partis actuels), devienne quelque chose de constructif grâce à la simple présence du Roi au sommet de l’État; une présence qui permettrait de libérer la tête de l’Etat, de le soustraire à la compétition perpétuelle pour en faire l’élément stabilisateur, pacificateur, apaisant et pacifiant qui nous manque tant; sans lui nous sommes en guerre civile permanente; avec lui notre actuel système, incomplet, trouve ce qui lui manque: l’élément de stabilité et de permanence qui inscrit ce qui ne change pas dans ce qui doit légitimement -par les élections- changer à échéances régulières…
Certes, vous avez raison, mais n’oublions pas que la monarchie a été rétablie en Espagne, et que sur tous les plans : idéologique, moral, social, géopolitique, religieux, le régime monarchique est devenu le garant de la soumission de la destinée espagnole à la décadence et à l’abaissement. Ce n’est pas cela que nous voulons, je pense. L’idée maurrassienne selon laquelle le changement des institutions avait pour effet mécanique d’inverser le processus d’entropie me paraît optimiste à l’excès.