On se souvient de la colère feinte et forcée de Ségolène Royal lors de son débat télévisé avec Nicolas Sarkozy, juste avant le premier tour de l’élection présidentielle: dans ce qui se voulait une sorte d’éclat, mais qui était manifestement préparé à l’avance, qui sonnait faux et qui fut « sur-joué », Sarkozy se vit accusé d’être « immoral » et d’atteindre « le summum de l’immoralité »: excusez du peu ! le temps d’une tirade de mauvais goût et de mauvaise foi -qui du reste, de l’avis unanime, l’a desservi…- Ségolène devint, ou du moins crut devenir, une sorte de Dieu le Père (pardon, de Déesse la mère…), faisant le Jugement Dernier le jour du « Dies Irae »; et décrétant souverainement, et bien sûr sans appel, qui était et où était le mal (« lui »…) et le bien (« elle »…bien sûr!).
Or voilà que, quelques semaines à peine s’étant écoulées, Madame Royal « tombe le masque », en quelque sorte, et nous asséne tout de go qu’elle a défendu au moins deux idées dans son « pacte présidentiel » qui n’étaient pas les siennes! auxquelles elle ne croyait pas! (sic!), tout simplement parce que ces idées n’étaient pas crédibles! (re-sic) (ces deux idées étant le Smic à 1.500 euros et la généralisation des 35 heures). La gauche réagit sèchement: pour Claude Bartolone (courant Fabius), Ségolène Royal est tout simplement un danger pour le PS ! Jean-Luc Mélanchon l’accuse de « duplicité » et de « provocation » et parle d’or: si réellement, dit-il, Ségolène Royal pensait que ces mesures n’étaient pas crédibles, pourquoi les a-t-elle défendues ? Le député communiste JP Brard, qui a pourtant soutenu à fond Ségolène…, a le sentiment d’avoir été trompé: bref, « ca barde » à gauche, et ce n’est probablement pas fini…
Mais là n’est pas l’essentiel pour nous: laissons la gauche à ses lamentations et à ses convulsions d’après-défaite, et réfléchissons quelques instants à cette déclaration et à ce qu’elle signifie: les candidats ont-ils tous les droits et peuvent-ils tout se permettre ? est-il normal, est-il acceptable, qu’un(e) candidat(e) « tente le coup » et essaye de se faire élire à tout prix, fût-ce en mentant ? (car c’est bien ce qu’a fait Madame Royal, en proposant au moins deux mesures -et pas n’importe lesquelles, en importance- dont elle savait pertinemment qu’elles ne seraient pas applicables…). Et si on cherche à défendre Madame Royal à tout prix, si on ne pense pas que ce soit un mensonge, alors ce ne peut être que de la légèreté et de l’approximation, qui à ce niveau là s’appellent de l’incompétence: ce n’est guère mieux ! Ou, troisième et dernière hypothèse possible, si ce n’est ni du mensonge, ni de l’incompétence, ce ne peut plus être que de la faiblesse: ne pas arbitrer, ne pas être capable de « faire un choix », alors que précisément « gouverner c’est choisir »….
On voit bien que, de quelque façon qu’on aborde le sujet, les conclusions sont toujours défavorables à Ségolène Royal. Et pourtant, inconscience ou mépris souverain des autres, celle-ci annonce, presque dans la foulée, qu’elle sera très probablement candidate en 2012 !: « J’ai envie de continuer ! » dit-elle: mais de continuer à quoi? à mentir effrontément? à étaler au grand jour son incompétence? sa faiblesse? Tout cela par simple ambition personnelle ? Et s’il était là, en réalité; et s’il était de son fait « le summum de l’immoralité » dont elle a cru, un jour, pouvoir accuser son concurrent ?….
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