S’il s’agit du domaine des souhaits et des voeux pieux, oui bien sûr, on peut avoir envie d’aider le Darfour;. Mais concrètement, peut-on vraiment agir sur les causes profondes, les raisons essentielles de cette tragédie ? En fait ne pose-t-elle pas un problème que tout le monde refuse de voir et de nommer: la soif de pouvoir, de puissance, de domination et d’expansionnisme tous azimuts de certains dirigeants musulmans, idéologues et dogmatiques à l’extrême ? Nous parlons bien de « certains dirigeants » car, surtout en Afrique noire, de nombreuses populations musulmanes, et leurs responsables politiques ou religieux, vivent un Islam non agressif: la dureté et la méchanceté de certains autres responsables -soi disant présidents mais vrais dictateurs, comme au Soudan par exemple- n’en est que plus évidente: c’est elle qu’il faut condamner au départ, avant de s’occuper des conséquences logiques de cette mentalité, de la terreur, de la tyrannie et de l’oppression que font régner ces dirigeants; c’est en les nommant d’abord, en les désignant et en les condamnant; puis en usant contre eux de toutes les armes et pressions possibles (politiques, diplomatiques, économiques: embargos etc…) que l’on commencera à agir sur la tragédie elle-même, qui n’est qu’une conséquence: pourquoi Bernard Henry Lévy n’en parle-t-il jamais ?
Et si la toute première des choses à faire pour sauver le Darfour était, par exemple, de « casser » le Soudan afin de libérer les populations du sud, très majoritairement animistes et chrétiennes, noires de surcroît, qui n’ont rien à voir avec les tribus arabes musulmanes du nord qui les exploitent, les asservissent et les martyrisent ? On ferait d’une pierre deux coups, car cette séparation, qui permettrait au Sud Soudan -lointain héritier de la Nubie antique- d’accéder à l’indépendance et de voir la fin de son calvaire, affaiblirait par ailleurs d’autant les « semeurs de mort » du nord, leur retirerait une partie de ce pouvoir dont ils usent si mal, et pour persécuter aussi une partie de leur propre population, ce qui est le cas du Darfour, région musulmane de l’Ouest. On a bien laissé, en Europe, la Tchéquie se séparer de la Slovaquie, uniquement pour une incompatibilité d’humeur! entre ces deux nations slaves, européennes, de race blanche et de religion chrétienne, les différences étaient radicalement incomparables avec ce que nous voyons au Soudan: on leur a pourtant permis de se séparer, et tout le monde y trouve son compte: n’est-ce pas ce qu’il conviendrait de faire au Soudan dans un premier temps ?
Quand au Darfour proprement dit, il ne faut pas se leurrer, ni tomber dans l’angélisme: ce serait très bien de pouvoir aider les populations qui souffrent, et si on peut le faire on doit le faire; mais il y a des limites à tout, y compris à la générosité: il faut cesser de croire et de faire croire qu’on peut et qu’on pourra aider, toujours et partout, tous ceux qui souffrent: c’est dur à dire mais c’est malheureusement ainsi; on n’a, par exemple, jamais rien fait pendant les 50 ans de bolchevisme pour les populations exterminées par le communisme en Russie; ni pour celles de « derrière le rideau de fer » abandonnées aux monstres sanglants que furent Ceaucescu et les complices de « l’ordre communiste » (!)…Ne faut-il pas cesser de faire de l’humanitaire une gesticulation qui remplace la vraie politique: une vraie politique qui consisterait d’abord dans une claire vision des choses, une pleine compréhension des problèmes; qui consisterait à poser les vraies questions, à lancer les vraies accusations, à nommer les vrais responsables: on quitterait le domaine des mots et des mondanités « bernard-henry-lévyennes » mais on y gagnerait en courage vrai, en efficacité tangible, en action concrète; on retrouverait la politique au sens fort et vrai; on « agirait » enfin, au lieu de palabrer sans fin, et sans intérêt…..
La guerre du Darfour est une guerre entre musulmans. Il ne faut pas l’assimiler à la guerre entre noirs animistes et chrétiens (la grande majorité de ces derniers étant évangélistes) et noirs musulmans (mais qui se prennent pour des arabes) qui oppose le nord et le sud. De surcroît, ce battage médiatique sur le Darfour sert à justifier le silence sur la situation en Palestine, dans laquelle l’Europe a justifié le séquestre des rentrées fiscales des palestiniens, réduisant ainsi à la famine les populations. Un diplomate américain disait cyniquement la semaine dernière, en parlant de la guerre civile entre Hamas et Fatah: « j’adore cette violence ».