Dans les Alpes il s’agit de loups, que l’on a laissé revenir de l’Italie profonde; dans les Pyrénées il s’agit d’ours, que l’on a fait venir de Slovénie pour les ré-implanter. Dans les deux cas, ceux qui payent -très cher…- les pots cassés, ceux qui supportent les conséquences des lubies idéologiques de certains écologistes, ce sont les bergers; et, plus généralement, toutes celles et tous ceux qui peinent et luttent au quotidien pour un pastoralisme qui essaie de sauver nos montagnes en les faisant vivre; en y maintenant une présence humaine à laquelle nous devons, en très grande partie, l’entretien et la survie de ces paysages, dont la beauté et la richesse constituent une part non négligeable de notre Patrimoine; et dont l’abandon par l’homme signifierait un désolant appauvrissement de notre pays, et une perte irréparable, non seulement pour notre économie (le matériel) mais aussi et peut-être surtout pour notre Héritage (l’immatériel, ce qui n’a pas de prix…).
Certes, si l’on pouvait faire plaisir à tout le monde, si l’on pouvait toujours tout faire partout, il n’y aurait pas d’objection à faire cohabiter l’homme et le loup, l’homme et l’ours. Seulement voilà: l’expérience montre que cette cohabitation n’est pas possible; ou plutôt qu’elle l’est, mais au bénéfice exclusif du loup et de l’ours, les troupeaux des bergers étant régulièrement attaqués, voire décimés: qui accepterait de travailler, et de continuer à travailler, dans ces conditions? Veut-on que les bergers cessent leur activité? Et que le fragile équilibre qui tourne autour d’eux, dont ils sont l’ossature, l’épine dorsale, s’effondre? Ce sont eux qui, pour une large part, font vivre nos montagnes: il faut donc choisir, entre celles et ceux à qui nous devons le maintien de la vie sur les sommets, et une « ré-introduction » idéologique d’animaux qui ont disparu de ces montagnes: de toutes façons, l’ours qu’on ré-implante à grand frais dans les Pyrénées est slovène (1); il n’est donc plus tout à fait l’ours « naturel » (ô Rousseau!…) des Pyrénées; il n’en n’a plus forcément les mêmes caractéristiques, les mêmes habitudes, le même comportement; certes, c’est un ours; mais un faux témoin en quelque sorte, représentant involontaire d’une idéologie écologiste de pacotille, une idéologie en toc; alors que les bergers de nos montagnes, eux, sont de vrais bergers; qui mènent une vie rude, et dont l’on vient régulièrement détruire les troupeaux!
Poussons le raisonnement jusqu’à l’absurde: il y avait des bisons en Europe il y a bien longtemps; ils ont disparu -c’est une loi de vie, la disparition de certaines espèces…-: va-t-on en importer des États-Unis afin de les ré-implanter, dans les plaines cette fois? Et dire aux paysans, aux touristes et à tout le monde de s’en accommoder? Soyons sérieux, et puisque problème il y a, choisissons de préferer les bergers de nos montagnes aux rêveries fumeuses d’écolos-bobos, chantres du toc, de la pacotille et de la contrefaçon….
(1) et c’est la même choses dans les Alpes, pour des loups que l’on va chercher en Italie…
Vous contestez la réimplantation de l’ours et du loup. C’est votre droit. Cependant, votre argumentation n’est pas tout à fait solide. D’abord, vous nous dites: la disparition des espèces, c’est la loi de la vie et c’est vrai. En revanche, vous ne nous dites pas quelles conséquences vous en tirez. Ce qui est la loi de la vie, c’est que certaines espèces disparaissent et que d’autres naissent. Là où l’on peut s’inquiéter, c’est quand la disparition des espèces n’est pas compensée par de nouvelles, et quand la diversité du monde est en danger. De même, vous nous dites: « choisissons de préferer les bergers de nos qui essaient « de sauver nos montagnes en les faisant vivre ». Et l’on imagine nos bergers bivouaquant au milieu de leurs troupeaux, jouant de la flûte de Pan et mis sous la menace des bêtes féroces par l’irresponsabilité des idéologues. Mais non, cher ami, c’est vous qui, à votre tour, vous montrez l’émule des bergeries du XVIII° siècle. Il y a quarante ans que les bergers ne dorment plus avec leurs moutons. Ils les amènent sur les lieux de pâture et s’en vont regarder « star academy » dans leur HLM deTarbes ou de Luchon. S’ils devaient camper, il faudrait les payer en heures sup et la rentabilité serait mise en danger. D’ailleurs, le loup et l’ours ont bon dos. Avant qu’ils ne fussent réintroduits, les « bergers » (moi je dirais plutôt les exploitants ovins) se plaignaient déjà que des chiens errants s’attaquassent à leurs bêtes laissées sans surveillance. Les moutons échappés et tombés dans les ravins, que l’on retrouve morts sans que personne se préoccupe de les sauver, sont un pourcentage de pertes précalculé et admis. Alors il faut également exterminer les chiens. Et combler les ravins ?