On saura gré à Jean-Marie Lustiger d’avoir été un efficace et fidèle lieutenant de Jean-Paul II. Il restera donc, de ce fait, comme l’un des principaux artisans de cette Nouvelle Évangélisation qui permettra à l’Église de redevenir cette force capable d’orienter la société et le monde, et d’influer sur le cours des choses et de l’Histoire. On sera frappé aussi, dans un tout autre domaine, par l’exemple personnel, et prophétique, qu’il a donné: Juif converti au catholicisme, il a toujours affirmé que, pour lui, entrer dans l’Église catholique ne signifiait en rien renier ses racines ou renoncer à son identité, à sa judaïté: bien au contraire, il avait conscience, en devenant catholique, d’accomplir son destin, sa vocation: Jésus-Christ n’a-t-il pas dit: « Je ne suis pas venu pour abolir la Loi, mais pour l’accomplir. »
C’est dans cette perspective que le jeune Aaron, vers l’âge de quatorze ans, se tourna vers l’Église, non pour abandonner mais pour prolonger son judaisme et, lui aussi, « l’accomplir ». Ainsi le firent avant lui Max Jacob, André Frossard, Maurice Schumann, Simone Weil et, malgré l’empêchement formel dû aux circonstances…, Henri Bergson. La liste ne s’arrêtera pas là, espérons-le: tel essayiste et philosophe talentueux et prometteur, qui nous a déjà réservé de bonnes surprises, viendra peut-être, nous le souhaitons ardemment, ajouter son nom à cette litanie dans laquelle, convenons-en, il serait en bonne compagnie…
André Frossard? Vous êtes sûr?