L’axiome est bien connu: le bruit ne fait pas de Bien, le Bien ne fait pas de bruit; à l’occasion des obsèques du Cardinal Lustiger, on a évoqué son oeuvre de bâtisseur et de créateur (églises construites ou reconstruites, Radio Notre-Dame, École Cathédrale, chaîne télé KTO…); cette oeuvre du Cardinal est propre à conforter l’espérance, mais il n’y a pas qu’à Paris que l’Église, ainsi, prépare l’avenir et en jette les bases; on le sait bien: chez nous -vieille terre de chrétienté- encore plus qu’ailleurs, l’Église a toujours été un élément fondateur et « essentiel » (au sens fort du terme) de notre Culture et de notre Civilisation, de notre Être profond; et si nous proposons la Royauté pour la Renaissance, nous savons bien qu’à lui seul le politique ne suffira pas à reconstruire une France épuisée par un siècle de troubles suivi par un siècle de république. A côte du Roi, en plus du Roi, avec le Roi, la France aura bien sûr besoin, pour se reconstruire, d’autres forces spirituelles, intellectuelles et morales; rien ne se fera « par le Roi seul »; il faudra également des Familles fortes et des parents qui « transmettent »; il faudra des professeurs qui soient de vrais et de bons guides, et qui eux aussi transmettent une vraie Culture, une vraie Mémoire; il faudra une Église qui ne doute pas, et qui -sans retomber dans certains travers du passé- joue pleinement et sans complexe son rôle, distingué mais non séparé de celui de l’État politique…
Voilà pourquoi – après ce qui avait été dit de l’Église à Paris, suite au décès du Cardinal Lustiger- un reportage, paru le lundi 13 août dans le quotidien « La Provence », nous a paru, lui aussi, propre à conforter l’espoir et l’espérance: discrètement, sans faire de bruit, mais sans rien cacher non plus cependant, les Dominicains de Marseille agrandissent leur Couvent de Castellane, en plein centre-ville, et se dotent d’une nouvelle bibliothèque: la première pierre en sera posée le mois d’octobre, à mi-parcours de la réhabilitation complète du monastère de la rue Edmond Rostand (6° arrdt), qui compte aujourd’hui vingt frères. Cette bibliothèque, ouverte à tous, sera donc ainsi un instrument de travail pour les membres de cet ordre « savant » mais aussi un instrument de qualité offert aux Marseillais: 70.000 volumes (dont certains datent de la Renaissance), une salle de conférences au rez-de-chaussée, deux étages d’espaces de recherche ouverts au public et répondant à toutes les normes requises pour une bibliothèque moderne….; 10.000 donateurs dans toute la France (trente pour cent de marseillais) ont déjà donné deux millions et demi d’euros pour la restauration partielle des lieux de vie et de culte (il faut encore trouver un million d’euros pour la bibliothèque…).
Il est encourageant et prometteur de voir que la présence dominicaine à Marseille, qui remonte à 1225 (soit dix ans après la fondation de l’Ordre) maintient et perpétue, en les pérennisant, les intuitions et les charismes de ses origines; à l’image de cet Ordre, comme du Cardinal Lustiger que nous évoquions au début, c’est toute l’Église qui, après un hiver certain, jette des bases, construit et se prépare à de nouveaux printemps; qui seront forcément aussi les nôtres……
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