…Traiter le monde des fonctionnaires comme un tout serait absurde. Il est le plus disparate qui soit en terme d’avantages. Aux primes des uns, logements et voitures de fonction et autres indemnités, s’ajoutent pour les autres un fatras de gratifications exotiques, où les primes de « suggestions exceptionnelles » voisinent avec celles de « haute technicité », les indemnités de chaussure, celle d’utilisation de langue étrangère; ce « fouillis baroque » (selon les termes d’un comité d’enquête dépendant de la Cour des Comptes) composant au minimum 16% du salaire moyen des fonctionnaires (mais par exemple 30% de ceux de Bercy ou 40% du salaire net des aides soignantes). Encore s’agit-il des avantages recensés et déclarés.
Un rapport de l’Inspection des Finances a montré que les logements de fonction (200.000 environ) au titre de la « nécessité de service » représentaient en Ile de France un avantage moyen variant entre 7850 euros (dans l’Oise) et 19.850 euros à Paris en 2004, bénéfice qui « échappe largement à la taxation fiscale et sociale ». Même constatation concernant les voitures de fonction (150.000 environ) dont le coût est de l’ordre du demi milliard d’euros et dont les trois quarts servent aussi à des déplacements privés. La plupart des Ministères ne déclarent pas ces avantages en nature. Résultat de cet enchevêtrement de primes et avantages, tantôt déclarés, tantôt pas: une formidable opacité et inégalité et de sévères jalousies entre directions et services…
…Ainsi, quand un fonctionnaire s’indigne des avantages automatiques dans l’administration, il pense moins à lui qu’à son voisin! Le salarié des douanes pourra s’offusquer de l’empilement des primes que se versent les fonctionnaires de Bercy, qui répliqueront, eux, en stigmatisant les retraites des employés de la Banque de France (75% du traitement des derniers six mois). Ceux-ci rétorqueront qu’un militaire peut prendre sa retraite après quinze ans à peine de service, et cumuler alors pension et travail dans le privé, mais le même militaire, payé chichement, pourra à son tour se plaindre des émoluments du trésorier-payeur-général (qui flirte avec les 200.000 euros par an, primes comprises). Offusqué, le TPG désignera le régime envié de l’ambassadeur (au statut fiscal imbattable grâce à « l’indemnité de résidence »), qui pointera en retour les avantages des fonctionnaires des DOM-TOM dont la sur-rémunération se chiffre pour la collectivité en milliards d’euros… (à suivre…)
(source: Le Figaro, 4 août 2007, n° 19.597).
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