Sans commentaire, cet excellent article-éditorial de Marie-Joëlle Guillaume, dans le numéro 1547 de l’hebdomadaire « Famille Chrétienne » (du 8 septembre 2007), sous le titre: « Crimes sexuels: Il n’y a pas de fatalité ».
Ce qui distingue l’homme civilisé du barbare, c’est la domination de l’instinct par la raison, la morale, la culture. Ce qui distingue notre « civilisation » moderne, c’est le déchaînement de l’instinct au nom d’une liberté individuelle sans foi ni loi, courbée sous les diktats d’une société marchande dont les ressorts publicitaires exaspèrent les pulsions, et dont la jouissance est l’alibi suprême.
Comment ne pas relever l’incohérence morale de certaines réactions de l’opinion, cet été, face au crime du pédophile récidiviste? Le déferlement de l’indignation, l’exigence d’une justice plus sévère, voire d’une médecine plus efficace, montrent que l’opinion n’a pas perdu tout sens moral. Mais, paradoxalement, ce débordement d’émotion la dédouane de s’interroger sur sa part des responsabilité morale.
Hormis l’Église, nul n’incrimine la permanente incitation à la débauche dans laquelle nous vivons. Or, pour un fait divers odieux dont on parle, combien de très jeunes filles violées dans les « tournantes » par des adolescents, combien d’enfants abîmés par les perversions qu’étalent complaisamment séries TV, affiches publicitaires, films etc…? Et combien de jeunes salis par une « éducation sexuelle » officielle pour qui tout est permis, sauf d’ignorer le caoutchouc?
Il est trop facile de prétendre s’éxonerer du mystère du Mal à coups d’hormones et de médicament: tout homme a une conscience. Mais une conscience libre se forme. Les sociétés modernes vivent de la publicité et les ressorts publicitaires sont ceux de l’instinct.
Il reste que l’avilissement public n’et pas une fatalité. Dans une société policée, la raison a son mot à dire, et l’on peut attirer le chaland autrement que par la bassesse. Encore faut-il, précisément que la société soit policée, c’est à dire qu’elle serve la vraie liberté des consciences. Les responsables politiques ont le devoir de mettre un frein à l’étalage public des dépravations, et de promouvoir dans la famille et à l’école une éducation à la maîtrise de soi. Il est temps de comprendre à nouveau qu’il n’y a pas de société sans morale.
« Ce qui distingue l’homme civilisé du barbare, c’est la domination de l’instinct par la raison, la morale, la culture. » Nous dites-vous. Ne seriez-vous pas un peu démocrate-chrétien ? Il me semble au contraire qu’une société saine est celle où la culture prolonge l’instinct, réprouvant ses perversions. Auguste Comte expliquait que la tradition n’était autre qu’une pensée qui devenait instinctive. Au contraire, une société décadente est celle qui a perverti les instincts, qui a soulevé l’individu contre l’espèce: la nôtre! La décadence n’est donc pas un retour à la barbarie mais un état bien plus indigne encore.
De plus je ne vois pas comment on peut lutter contre la dépravation (combat dans lequel je partage sans réserve vos convictions) en s’appuyant sur « la vraie liberté des consciences ». Si l’on peut créer sa propre morale au fond de son thalamus, il n’y a pas de raison de se gêner. Comme disait André Breton, « tout homme qui bande est un criminel ». C’est au contraire l’individualisme et non l’instinct qui doit être réprimé.