On avait eu de nombreuses occasions de le constater: Hubert Védrine, dans le domaine de la politique étrangère, se tient éloigné de toute idéologie; il se situe « à gauche », mais sait laisser au vestiaire ses préférences -au demeurant légitimes…- lorsqu’il s’agit des intérêts supérieurs de la France, du Bien Commun, qu’il sait ne pas sacrifier à l’intérêt de groupe ou aux visées idéologiques.
On vient d’en avoir encore un bon exemple avec son rapport remis à Nicolas Sarkozy et rendu public le mercredi 5 septembre; on le sait, en ce qui concerne nos rapports avec l’Otan, nous vivons en ce moment un retour en force des tenants d’un « ré-alignement » qui ne serait rien d’autre en fait, s’il se concrétisait, qu’un renoncement majeur, préalable à une inéluctable démission ultérieure de la France sur la scène internationale; intervenant dans ce combat -pas si feutré que cela….- Hubert Védrine a le mérite, dans son rapport, de bien cerner les enjeux, et il ne craint pas de s’élever contre ce courant puissant; il ne craint pas d’affirmer au contraire que la France doit résister à cette « tentation occidentaliste » et conserver « sa propre politique étrangère »; car c’est un des « éléments du sursaut français dans la mondialisation ».
Ce faisant, il est, bien sûr, en butte aux attaques et aux critiques sournoises des tenants de ce « groupe de pression » fort, avatar de l’atlantisme, qui prône en effet la « normalisation », au nom d’une soi-disant nécessaire « solidarité des Occidentaux » face aux « menaces »(?); le mérite d’Hubert Védrine est de bien montrer que, sous des mots en apparence anodins, semblant même parfois être marqués au coin du bon sens, se cache en réalité l’offensive, dangereuse pour notre indépendance, de ceux qui ressentent si fort cette « tentation du retour dans l’OTAN » (ou plus exactement dans son commandement intégré, dont de Gaulle avait fait sortir la France en 1966); et qui cherchent à imposer ce retour, à la faveur de l’élection d’un président réputé « atlantiste »…
Cependant, Hubert Védrine ne se contente pas de s’opposer, « d’être contre« ; il note ainsi -et nous sommes à nouveau d’accord avec lui sur ce point-, que rien n’est figé, et que l’on pourrait très bien envisager une nouvelle attitude face à l’Otan: il suffirait, par exemple, qu’elle soit réformée en profondeur (mieux: refondée) et que disparaisse le lien de vassalité avec les États-Unis: saine position, conforme à l’intérêt national. Proposer autre chose, plus conforme à notre grande tradition nationale, plutôt que de dire simplement « non »: une telle attitude de rejet du conformisme, l’indépendance d’esprit qu’elle révèle, et l’attachement indéfectible aux intérêts supérieurs permanents du Pays, tout cela fait qu’Hubert Védrine s’inscrit, sans contestation possible, dans la lignée de celles et ceux qui défendent la souveraineté nationale, et le rôle international de la France; c’est en ce sens que certains parlent, à son sujet, d’état d’esprit « bainvillien » (1); et qu’il nous est fort proche, en définitive, sur l’essentiel; n’est-ce pas, au fond, le plus important?…..
(1): comme le fait ce mois ci l’article de « Politique Magazine » qui lui est consacré.
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”