…..c’est qu’ils ne représentent rien; là où les syndicats allemands représentent jusqu’à quatre vingt pour cents des travailleurs (voire quatre vingt cinq, parfois même un peu plus…), les syndicats français oscillent entre cinq et dix pour cent, dans le meilleur des cas, souvent plus près de cinq que dix (1)….; le vrai problème est là car si, comme en Allemagne, les syndicats représentaient vraiment les travailleurs, les pouvoirs publics pourraient vraiment discuter avec eux et organiser avec eux le monde du travail; que l’on sache, il semblerait bien, tout de même, que ce soit là le rôle premier des syndicats, non?
Il y aurait forcément, mécaniquement, statistiquement dans ces syndicats des gens de droite, de gauche et du centre; des idéologues mais aussi des pragmatiques; des obtus mais aussi des ouverts; des « vieux dans leur têtes », mais aussi des jeunes réalistes, etc…etc…..; mais comme ils n’attirent personne, on n’y retrouve que des sectaires, des aigris, des fossiles et des idéologues recuits dans leurs pratiques d’un autre âge, archaïques, désuètes et périmées: rien d’autre comme « pensée » que la défense des privilèges -même pompeusement rebaptisés « droit acquis »-; et comme « vision sociale » (?!) que « la grève », c’est un peu court, et beaucoup dépassé…
Nos syndicats sont enfermés dans leur sclérose mentale qui leur interdit de voir que le monde a changé autour d’eux, que tout a changé (sauf eux!…); et c’est le problème de savoir si c’est la poule qui a fait l’oeuf ou l’oeuf qui a fait la poule: est-ce que les syndicats n’attirent personne parce qu’ils sont la proie des idéologues à oeillères, ou bien sont-ils la proie des idéologues à oeillères parcequ’ils n’attirent personne? donc pas de « sang frais », pas de « nouveaux », pas d’air neuf, pas d’idées neuves….?
A vrai dire, on ne sait plus; il y a tellement longtemps que tout a été perverti en France, dans le monde du travail comme ailleurs (songeons à l’Education Nationale…), par « l’idéologisation » républicaine à outrance, que l’on ne peut plus que constater l’évidence: nos voisins vivent « normalement », avec des conflits, et des oppositions d’idées certes, mais sans ce poids de l’idéologie omniprésente qui étouffe tout et qui est partout chez nous; et ils ne s’en portent pas plus mal, ils s’en portent même beaucoup mieux…C’est nous qui n’allons pas bien du tout: et la fossilisation du syndicalisme français, qui en fait une antichambre de la grande galerie de l’évolution du Muséum d’Histoire Naturelle, renvoie a cette science passionnante mais, convenons-en, fortement datée que l’on appelle « paléontologie »….
(1): encore, dans ces chiffres, faut-il considérer la part des retraités: s’il est beau de conserver, retraité, son idéal de jeunesse, on est bien obligé de constater que lorsque la proportion des retraités est très importante -comme c’est le cas chez FO par exemple…..- cela vient encore aggraver ce problème de représentativité: les « jeunes » désertent en masse les syndicats! ceux-ci doivent se remettre en cause; chercher en eux-même, lucidement et courageusement, les raisons de ce désamour; il vient d’eux, de leurs pratiques, de leurs blocages idéologiques, de leur sclérose: quand auront-ils le courage de faire leur auto-critique?…..
Cincinnatus sur Une initiative papale qui, curieusement, arrive…
“Nous ne sommes pas capables en France d’une révolution de velours, nous sommes incapables de faire…”