Ainsi donc le Sénat des États-Unis vient d’adopter -comme l’Assemblée Nationale française hier…- une loi reconnaissant le génocide arménien. Erdogan est furieux et, comme il l’a fait hier avec la France, il se prépare à employer contre les USA l’arme des représailles économiques; Georges Bush est inquiet car, pire encore que ces représailles, il craint aussi de perdre, pour son armée qui a envahi l’Irak, les facilités de mouvement dont elle dispose en Turquie: or on voit bien que, pour ce qui est de l’armée d’invasion états-unienne, « presque tout » passe par Incirlik, la grande base de l’est du pays….
Et, cerise -amère…- sur le gâteau -non moins amer…- ce qui se profile, c’est peut-être la fin d’une époque, et d’une alliance privilégiée et sans faille, entre les USA et la Turquie; ce pays que les USA ont toujours réussi à faire entrer dans leur jeu, jusqu’à présent, et qui leur a rendu bien des services: il est bien connu, par exemple, que les USA se servent de la Turquie, cyniquement, dans le but affiché de dynamiter « l’Europe puissance »: on le sait, les anglo-saxons, emmenés par la Grande Bretagne (dans ce domaine caniche fidèle et cheval de Troie des intérêts états-uniens en Europe), souhaitent que celle-ci soit simplement une zone de libre-échange; un « truc » économique, sans plus (1). et sans aucun pouvoir d’intervention sur la scène internationale, qui pourrait gêner « la » superpuissance….des États-Unis. C’est l’une des raisons pour lesquelles États-Unis et Grande Bretagne déploient tous leurs efforts pour imposer, à des opinions publiques européennes en très grande partie hostiles, l’entrée de la Turquie dans l’Union…
Si cela devait arriver, il est absolument clair que c’en serait fini pour toujours des espoirs que les européens plaçaient dans la construction de cet ensemble: et que l’Union Européenne deviendrait un Mammouth totalement ingérable, paralysé par son extension même, mais aussi par la présence au sens propre « monstrueuse » en son sein de la Turquie: « monstrueuse » parce qu’absolument pas « naturelle », la Turquie étant, comme chacun sait, un pays de l’Asie Mineure; et l’Europe n’ayant pas de frontières communes avec l’Iran, l’Irak ou la Syrie, à moins de redéfinir les bases les plus élémentaires de la cartographie traditionnelle….. (à suivre…..)
(1): de Gaulle affectait de dire le « Machin », en parlant de l’ONU: c’est un peu comme cela que les anglo-saxons voient l’Europe, qu’ils ne veulent surtout pas laisser venir « concurrencer » les USA…
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