Pour celles et ceux qui penseraient -peut être….- que nous parlons trop souvent des problèmes d’insécurité; ou que nous exagérons quand nous critiquons la politique que mène la république, quand nous disons qu’elle conduit à la banalisation et à l’institutionnalisation de la violence et de la délinquance ordinaire (la pire, donc…); voici -sans autres commentaires- l’article de Denis Trossero, publié dans le quotidien « La Provence » du vendredi 19 octobre, sous le titre: « Petits caïds ou racketteurs, ils font régner la rude loi des cités »
C’est l’histoire sans cesse recommencée du jour qui se couche sur les cités chaudes de Marseille. Histoire de zones de non-droit qui n’osent dire leur nom. Histoire que Rafik Gmati, 27 ans aujourd’hui, pourrait raconter mieux que quiconque. Depuis trois ans il gérait l’épicerie de la rue Saint-Pierre (10°), voisine de la cité Air-Bel, à La Pomme (11°). Il en avait connu des sous-entendus, des vilaines pressions, des petits mots glissés à la hâte en forme de menaces larvées.
Mais les 14 et 15 Mai 2006, il n’imaginait pas vivre pareille situation. Le premier jour, il se fait dérober la caisse. Dans la nuit, deux hommes encagoulés et armés débarquent dans son commerce et avant qu’il n’ait pu esquisser un geste, l’un d’eux tire deux coups dans sa direction. Une balle lui traverse la cuisse. Son calvaire ne fait que commencer. Le projectile est passé à deux millimètres de l’artère fémorale. Suivront trois opérations, la pause de dix huit broches, cinq mois de fauteuil roulant. Rafik a reconnu ses « cow-boys » d’un jour. Ils sont de la cité Air-Bel et de La Mazenode (11°). Lui est de La Cravache (9°). A Air-Bel on n’aime pas « les étrangers » (1). Pourtant Rafik est courageux. Il est venu au Tribunal défier le regard désinvolte de ses agresseurs. Il y a là le tireur, Abderahmane Friga, 19 ans, et son complice du même âge, Nacer Bendrer.
Friga évoque une « vengeance ». Parce qu’il aurait été humilié la veille devant toute la cité, quand Rafik a récupéré sa recette. Petits caïds aux vils desseins. Rafik explique qu’ils avaient commencé par lui voler des sandwiches, puis qu’ils auraient bien aimé qu’il lui cède son épicerie sans payer. Racket ordinaire en 2007 à Marseille. Le procureur Candau, dans une synthétique géopolitique de nos cités, fustigera « l’attitude de ces groupes qui tentent de faire régner leur loi ». Friga a écopé de cinq ans, Bendrer de trois ans. A l’énoncé du jugement, ce dernier a craché en direction du Tribunal, en criant « Fils de Pute! ». Il devrait retourner en garde à vue.
(1): en français dans le texte! c’est trop beau! à verser dans la catégorie: « Il vaut mieux entendre ça que d’être sourd »…..!
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