Après les deux dernières grèves dans les Transports, la constatation qui, d’évidence, s’impose est qu’il devient non seulement souhaitable mais nécessaire et urgent de construire ou reconstruire un vrai syndicalisme (1), de fonder ou re-fonder de vrais syndicats. La France ne peut plus continuer ainsi à donner le lamentable spectacle de syndicats inexistants au quotidien alors que -les exemples des pays nordiques sont là pour le prouver…- un pays moderne, une économie saine, une société bien organisée ne peuvent se passer de vrais syndicats agissant pour le Bien Commun.
Nous cumulons le double inconvénient d’avoir des syndicats qui ne représentent pas l’ensemble du monde du travail, et qui ne font parler d’eux qu’à l’occasion des grèves, dans lesquelles la politique joue toujours un rôle plus ou moins grand, alors qu’en réalité elle n’a rien à y faire: on ne « voit » donc, d’une certaine façon, les syndicats à l’oeuvre que lorsqu’il s’agit d’étaler leur pouvoir de nuisance ! C’est, en soi, une aberration…..
En effet le rôle des syndicats est de négocier en permanence afin que justement les grèves soient, sinon inexistantes, du moins le plus rares possibles. Mais comment pourraient-ils jouer ce rôle? Non seulement ils ne représentent pas la diversité et la variété des opinions des travailleurs dans leur ensemble, mais on n’y retrouve que les cinq à dix pour cent de la minorité fossile et sclérosée, confite dans son idéologie périmée, recuite dans son aveuglement, totalement déconnectée des réalités et des évolutions de la société; une infime minorité qui en est encore à des schémas dogmatiques qui datent d’avant la Seconde Guerre mondiale A se demander si les syndicats n’attirent personne parcequ’ils sont la proie des idéologues (ce qui est sûrement vrai…), ou s’ils sont la proie des idéologues parcequ’ils n’attirent personne (ce qui est sûrement vrai aussi: on est dans le type même du cercle vicieux !…..)
Comment faire du neuf, du concret, du positif avec des « syndicats » pareils ? Il faut re-fonder, re-construire le syndicalisme, en faisant en sorte que la totalité des travailleurs soient syndiquée; et que du coup les syndicats, enfin représentatifs, deviennent ipso facto plus raisonnables, faisant entendre à côté des voix extrémistes les voix de ceux qui veulent vraiment chercher et trouver des solutions. En effet, à la différence de ce qui se passe aujourd’hui, si les syndicats représentaient vraiment l’ensemble de la société, on y trouverait toujours les mêmes idéologues et les mêmes archaïsmes; mais tempérés et comme annulés par la masse des « non idéologues », des pragmatiques, des gens ouverts à la discussion et loin de tout à-priori sectaire.
Les fossiles et les idéologues recuits dans leurs schémas marxistes ou trotskistes seraient toujours là, mais noyés dans la masse d’un monde du travail qui est, en réalité, à l’image de la Nation, et dans lequel on retrouve la même variété d’opinions et de jugements que dans la société dans son ensemble (2). Quelle forme devra et pourra prendre cette nouvelle « organisation » du monde du travail, ce n’est bien évidement pas à nous de le dire. Observons seulement que l’on ne pourra pas avancer vers une situation saine tant que l’on n’aura pas commencé par ce commencement indispensable…..
(1): voir le numéro 58 de « Politique Magazine » (décembre 2007). En pages 6/7, dans son « Analyse », Hilaire de Crémiers traite aussi des syndicats en posant la (bonne) question de fond: « Qui représente quoi ? »…..
(2): voir la note « Après une énième grève des Transports: le grand problème des syndicats français. » dans la Catégorie « Polémique…(France: Syndicats) ».
Ton idée de noyer les mauvais syndicalistes est, me semble-t-il un peu simpliste. A l’heure actuelle les travailleurs non syndiqués ne le sont pas soit parcequ’ils le veulent bien, soit qu’ils ne trouvent pas de syndicat à leur pointure, soit parcequ’ils ont conscience que le systéme est stérile: en effet, il ne faut pas imputer aux seuls syndicats les blocages sociaux, mais assi aux autres instances dirigeantes ou sociales. Le dialogue en France est limité par le concept droite -gauche, capitalistes-sociaux, patrons-ouvriers le tout sous la haute responsabilité du pouvoir. Nous sommes trés loin des idéaux de nos prédécésseurs Catholiques- Royalistes-Sociaux,Melun, Mun ,la Tour du Pin etc qui en réinstaurant en France un nouveau dialogue social aprés la terre brulée de la Révolution( loi Lechapelier/lois de 1884) En effet, l’idée directrice de leurs aspirations était bien l’idéal Chrétien et cette notion balaye allégrement tout le reste. Mais aujourd’hui peut-on construire là dessus? Je pense que oui à la condition de ne pas se laisser enfermer par les verrous conventionnels de notre société. Ca me rapelle une blague sur les prêtres: s’il s’intéresse aux pauvres: il est populiste; s’il s’intéresse aux riches, il est élitiste; S’il s’intéresse aux hommes, il est homo, s’il s’itéreese aux femmes, danger….. Le matraquage médiatique a fait du social une affaire de gauche, par notre faute car nous n’avons pas su occuper le terrain!!! Que n’avons-nous pas dit sur Renouvin? et que n’avons-nous pas entendu sur le Comte de Paris pour ses soi disant positions de gauche? De même pour l’écologie dont on nous bassine les oreilles pour encore trés lontemps! Comment pouvons-nous laisser croire aux gens qu’il suffit de syndiquer « de force » les travailleurs pour les choses rentrent dans l’ordre alors que le syndicalisme français est piloté par des gens qui instaurent comme préambule et principe » la lutte des classes », ce qui est diamétralement opposé à la notion de dialogue