Yannick Noah s’est fendu d’un assez long entretien dans le JDD (1). Consternant. Qu’il soit de gauche, « bourré d’oseille » comme il le reconnaît lui-même, et vive en Suisse; qu’il ait voté Ségolène et ne le regrette pas; qu’il croie en ce qu’il croit être des « idées »: c’est bien sûr son droit, et à dire la vérité on s’en fiche complètement! S’il faut réfléchir à l’état présent de la société, et aux moyens de changer le cours des choses, on ira plutôt écouter Finkielkraut!….
Pourtant, la lecture de cet article met mal à l’aise, et appelle -nous a-t-il semblé- une réaction. Non pas à cause de l’intérêt politique de Yannick Noah -qui est tout simplement nul-; encore moins à cause de la qualité ou de la profondeur (?!) de ses propos -qui est encore plus nulle-: mais à cause de la façon qu’il a de se présenter comme une sorte de donneur de leçon, de professeur de morale dont les sentences sont sans appel, de « monsieur-propre-et-je-sais-tout »…..
Car qui est-il, et pour qui se prend-il, pour parler de la sorte? Il dit de Sarkozy: « Mais tout me choque! L’attitude, le ton, l’arrogance me choquent. » C’est son droit le plus strict, et nous n’avons rien à dire là-dessus. Mais a-t-il lu l’article du JDD? Et a-t-il réfléchi à l’impression qui s’en dégage chez le lecteur? Il parle de lui sans cesse, s’auto-complimentant sans cesse, maniant l’encensoir d’une façon tellement appuyée et outrancière qu’elle en est risible, se trouvant parfait et plus que parfait! Et là il n’est ni choqué, ni gêné, alors que pour le lecteur moyen ce concert d’auto-satisfaction est tout simplement indécent et imbuvable…..Comment peut-il dénigrer et critiquer Sarkozy -ou n’importe qui d’autre…- après s’être livré vis à vis de lui même à un tel exercice caricatural de cirage de pompe! Quand on est soi-même « monsieur balai brosse » (et qui plus est envers sa propre personne) a-t-on le droit d’aller critiquer une supposée « arrogance » des autres?…..
Si l’on compte le nombre de « Je », et qu’on les ajoute aux nombre de lignes dans lesquelles il parle de lui, on a pour ainsi dire la totalité de l’article. Et quand le « Maître » n’est pas occupé par le nombril de sa petite personne, et qu’il condescend à jeter un oeil sur autrui (mais furtif, le regard, et très rapide…il faut vite en revenir à l’auto-encensement!) on se rend compte que c’est pour ramener aussitôt le sujet sur ce que lui aurait fait ou dit à la place du paltoquet dont il condescend à parler pendant quelques instants…..
Il est parfait le Yannick: il n’a aucun défaut, il fait tout bien, il pense bien, il agit bien. Du moins quand on lit son article dans le JDD, qui devient le temps et l’espace d’un « papier » l’évangile selon saint Yannick (il y en a qui y croient, si, si….). Il parle de son grand-père, qui l’a bien élevé, et de son fils qu’il a -lui Yannnick- bien élevé: évidemment, comment pourrait-il en être autrement puisque -on vous l’a dit et répété- on fait tout bien chez les Noah, et on est parfait! A part ça, il ne se met pas en scène (comme Sarkozy, ce méchant…); il n’est pas arrogant, et il n’est pas choqué par « ce déballage » qui, chez Sarkozy, le choque! Curieuse inconséquence: faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais…..Il n’est pas mégalo non plus (« Je suis entré dans la vie des gens. »)
« J’aime l’idée de partage, de s’occuper des plus démunis….Etre de gauche, c’est çà, et je l’ai ressenti chez Ségolène et son équipe. » Ah bon? Ségolène et François, en se séparant, ont vendu leur bien à Mougins et liquidé leur SCI, pour en donner l’argent aux pauvres? On n’a pas écouté France Info ce jour-là: quel dommage! c’est toujours pareil, on est toujours fidèle au poste, on écoute tous les jours, et c’est juste « le » jour où on n’écoute pas qu’il se passe « la » chose intéressante!…..
Avoir proféré une telle insanité -de la part de Yannick Noah- et l’avoir entendu sans même opposer ne serait-ce que l’ombre d’une objection -de la part du journaliste-, voilà qui résume à soi seul le vide sidéral et la niaiserie abyssale de celui à qui le JDD a tout de même consacré une page entière: conformisme délirant, quand tu nous tiens!…….
(1): « Le Journal du Dimanche », numéro 3180 du dimanche 23 décembre 2007, page 3; propos recueillis par Philippe Chassepot.
Chassepot, le mal nommé !
Signe des temps où les « pipoles » donnent leur avis sur tout et créent l’événement, où un chef d’état se met en scène et par là se place au même niveau qu’un acteur ou un sportif à la mode. Pourquoi alors s’étonner d’aller jusqu’à les confondre.
Pour être respecté il faut être respectable et les journalistes le savent bien car il y a certains acteurs ou hommes politiques qui ne font pas la une des journaux à sensation et qui savent préserver leur intimité.
Si les opinions d’un Noah comme d’un Bigard n’intéressaient personne en bien comme en mal les journaux ne se vendraient pas.
On a les idoles qu’on mérite