Le hasard -mais nous savons bien qu’il n’existe pas….- continue de bien faire les choses: au moment où nous réagissions aux voeux du Chef de l’État, Denis Tillinac publiait le billet suivant dans « Famille Chrétienne » (1). Nous avons choisi de le reproduire car il nous semble prolonger la réflexion que permettent d’engager ces voeux. Si l’on sait lire entre les lignes on peut y trouver une analyse assez fine et qui va assez loin…
En Janvier il fait froid, on sait que l’hiver sera long et on dévêt le sapin de Noël de ses habits de lumière avant de le brûler. C’est tristounet. Mais enfin le Christ est né, les jours rallongent et la glèbe sous nos pas redevient féconde. Bientôt vont éclore les premiers brins d’herbe, en guise de prologue au printemps. Alors le Christ ressuscitera, la campagne reverdira. Autant ne pas perdre de temps et cultiver hic et nunc l’espérance, cette vertu théologale qui m’est chère, peut-être parce qu’en moi, grâce au Ciel, elle coule de source. La foi est toujours sujette au doute, voire à éclipses, et la charité se coltine avec un ennemi trop bien armé: l’égocentrisme. Tandis que l’espérance me prémunit du gel mental, dès le début du mois de janvier. Espérer quoi? Du bonheur pour mes proches, moins de misère sur la terre des hommes et pour la France un printemps des coeurs vaillants.
Je n’ai pas d’actions dans la maison Sarkozy et la « rupture » de style impulsée par sa bande m’a dérouté à maints égards. Tout de même je sais gré à Sarko d’avoir bousculé les chromos, levé les tabous, rajeuni les cadres et somme toute rendu l’espérance plus plausible. Pour le meilleur et pour le pire, il a libéré la parole. On peut parler de tout; du coup on a envie de tout repenser afin d’en finir avec cette déprime qui enténèbre les français depuis des décennies. Dans un désordre vibrionnant, le sarkozisme en herbe de l’an 2007 promet en 2008 la mise sur orbite d’une France moins assoupie, moins geignarde et plus consciente des menaces qui pèsent sur notre vieil Occident. Menaces sur notre économie et notre sécurité, mais aussi sur notre santé morale. Travailler plus pour gagner plus, soit. Mais ça ne suffira pas à vaincre ce nihilisme larvé qui nous vient de mai 68, et de plus loin encore.
L’espérance que je nourris pour l’année qui débute, peut-être à fonds perdus, ce serait l’éclosion en France d’un état d’esprit susceptible d’enfanter a terme une pensée, des aspirations, des moeurs teintées d’idéal. Rien de moins. La génération qui accède aux leviers de commande le désire confusément; un vent frais souffle dans ses neurones, il ensoleillera la France si les âmes cessent de se sentir orphelines ou en déshérence. Bref je veux espérer que les vertus évangéliques et la conscience de notre double héritage – judéo-chrétien et gréco-latin – étayeront la ferveur brouillonne d’une jeunesse encore désemparée, mais moins fataliste qu’avant.
C’est d’une réforme intellectuelle et morale que la France a besoin. Les politiques ne sont pas outillés pour l’imposer, et du reste ce n’est pas leur rôle. Ils peuvent seulement la rendre moins improbable en donnant le « la » d’une ardeur printanière. A cet égard, Sarko n’a pas failli. En tout cas, pas encore. Mais il incombe aux clercs, aux philosophes, aux sages et finalement à chacun de nous de tisser en son for intérieur la trame d’une renaissance.
(1):) « Famille Chrétienne », n° 1564 (du 5 au 11 Janvier 2008).
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