Ajoutons à cela, en toile de fond, la loi sur la « mémoire historique » qui vise à reconnaître les victimes de la Guerre Civile et de la dictature, et qui fait dire au Parti Populaire (PP) que le gouvernement ouvre la boite de Pandore de l’époque franquiste:
nombreux sont ceux qui pensent en Espagne que Rodriguez Zapatero va trop fort et trop loin (2)…..Ceux qui s’opposent, à droite, à cette politique aimeraient que le Roi la condamne. Voilà pourquoi il a été durement critiqué par le présentateur vedette de la radio catholique COPE, qui n’a pas hésité -nous l’avons vu- à demander son abdication!
On reste confondu par la légèreté de ce présentateur: même s’il n’apprécie pas le Roi, pour peu qu’il connaisse son Histoire, souhaite-t-il le retour de la république espagnole? on sait ce qu’elle fut! si elle avait gagné la Guerre, et institué dans le pays -avec la bénédiction de Staline- une démocratie populaire, l’Espagne serait devenue une autre Allemagne de l’Est (bonjour les libertés publiques!); une autre Roumanie (bonjour la pollution et le saccage écologique!); bref une autre « démocratie populaire »(!), une de plus (bonjour le développement économique!). Le commentateur, fort léger, aurait-il souhaité cela hier? Souhaiterait-il le retour des moeurs que l’Espagne a connu alors? Cette « demande » d’abdication est une aberration: du reste, que représente-t-il et à quel titre s’exprime-t-il, ce journaliste, alors que de 69 à 87% des espagnols, selon les sondages, se déclarent favorables à la monarchie parlementaire et satisfaits du roi Juan Carlos? et seulement 22% républicains (sondage pour le quotidien ABC du vendredi 12 Octobre)
Or celui-ci joue et doit jouer un peu le même rôle -mutatis mutandis…- que Louis XVIII en son temps (3): il essaie de se maintenir au-dessus des luttes et -puisque deux Espagne il y a eu et il y a encore, en un certain sens…- de tenir la balance égale entre les deux camps opposés. Là est son dilemme: soit il continue, comme il l’a fait jusqu’à présent à être au-dessus des partis, soit il prend parti. La première posture, qu’il a pratiqué jusqu’ici, ne lui a semble-t-il pas trop mal réussi (voir les sondages cités plus haut); la Constitution ne lui donne d’ailleurs ni le droit ni l’occasion d’intervenir directement dans le jeu politique. Son seul pouvoir institutionnellement défini (sans compter bien sûr l’ensemble des pouvoirs induits – bien réels…- que lui confère sa position), est d’être le Chef des Armées: une responsabilité bien loin d’être simplement honorifique (elle lui a permis de faire échouer le putsch de Tejero en 1981), mais que précisément ceux qui s’affirment républicains souhaitent lui voir retirer, ce qui serait bien sûr un mauvais coup pour la Royauté….
Seules lui sont permises certaines postures, franchement populaires et bien vues par l’opinion, comme celle qu’il a adopté face à Chavez lors du dernier sommet ibéro-américain, en quittant la salle après son fameux « Por qué no te callas? » (« mais tu vas te taire?…). Ou des déclarations générales comme celle citée plus haut, sur le rôle bénéfique de la Royauté, garante et condition indispensable depuis trente ans de la paix, de l’ordre et du progrès. (à suivre….)
(2): voir les quatre notes « Espagne: de 1975 à 2007 » dans la catégorie « International ( 1 : Europe…) ».
(3) voir la note « L’exemple espagnol » dans la Catégorie « République ou Royauté? ».
Noël Stassinet sur On attend une vigoureuse réaction du…
“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”