Précisons tout d’abord que nous ne parlerons pas ici du film en tant que tel (1), et qu’il ne s’agit en aucune façon d’une critique cinématographique: d’autres, dont c’est le métier, s’en sont déjà chargé, et s’en chargeront. Nous nous en tiendrons seulement à l’aspect « politique » du sujet, en arrêtant notre réflexion sur quelque chose qui semble bien avoir échappé au réalisateur et à ses thuriféraires, dont Olivier Besancenot (2).
Que veut faire Ken Loach dans son nouveau film? On le sait, ce cinéaste engagé, Palme d’Or 2006 à Cannes pour « Le vent se lève », est un grand pourfendeur des inégalités et des violences sociales (comme c’est bon, comme c’est douillet le conformisme!…).Cette fois il veut élargir sa vision et l’actualiser, en dénonçant l’exploitation des travailleurs immigrés et l’esclavagisme moderne. Fort Bien. Il veut combattre le capitalisme: c’est son problème, et on le laissera à son combat. Après tout ce sont ses idées et c’est son droit de les avoir et de les défendre. Sauf que nous ne regarderons peut-être pas -et même sûrement pas…- le film comme il voudrait qu’il soit regardé: et nous y trouverons une aide inattendue dans notre dénonciation du « Parti Immigrationniste ».
On peut en effet faire une autre lecture de ce film, et relever deux inconséquences majeures. Première inconséquence: Ken Loach dénonce -et il a raison sur ce point- le traitement inhumain infligé à ces immigrés, pauvres hères malheureux que l’on traite comme du bétail. Mais justement, si les choses sont ainsi -et elles sont ainsi très souvent, pas toujours mais très souvent…- ne faut-il pas s’y opposer plutôt que d’y prêter la main? Le « parti immigrationniste », et les trotskistes du cher Besancenot qui en sont le fer de lance, ne sont-ils pas en pointe dans ce combat acharné des RESF, « artistes » engagés et autres bobos-gauchos-trotskos pour la présence et le maintien d’un nombre toujours plus grand d’étrangers, y compris clandestins donc hors la loi? Ne militent-ils donc pas ainsi, volens nolens, pour que les exploiteurs, dénoncés par Loach, continuent d’avoir leur lot quotidien de chair fraîche? Eh oui, Besancenot et les siens mènent concrètement, au quotidien, une action dont l’un des résultats est de favoriser l’exploitation « bétaillère » des êtres humains, que dénonce Ken Loach, que par ailleurs ils approuvent!: devant une telle inconséquence on aurait envie de crier « au(x) fou(s) »….. (à suivre…..)
(1): « It’s a free world ! » de Ken Loach (GB, 1h33) avec Kierston Wareing, Juliet Ellis, Leslaw Zurek. Voici le « scripte » que nous propose Ken Loach: Angie (Kierston Wareing) après avoir été licenciée, décide de créer avec Rose (Juliet Ellis) sa colocataire, une société d’intérim. Issue de la classe moyenne, cette trentenaire, mère célibataire, est prête à tout pour gagner plus, exploitant sans état d’âme les ouvriers le plus souvent clandestins venus d’Europe de l’Est. « Angie est un produit de la contre-révolution Thatcher -explique le cinéaste-. L’objectif, c’est la compétition, sans pitié. Il fallait amener le spectateur dans la logique d’Angie afin de montrer l’horrible de sa démarche. Pour moi, le capitalisme est amoral, il se fonde sur l’exploitation, sur le profit à n’importe quel prix. »….
(2): Ken Loach avait appelé à voter Besancenot à la présidentielle.
Cincinnatus sur Une initiative papale qui, curieusement, arrive…
“Nous ne sommes pas capables en France d’une révolution de velours, nous sommes incapables de faire…”