La proposition de Jacques Attali de supprimer les départements a été plutôt mal accueillie par la classe politique. Jean-Pierre Raffarin l’a jugé « loufoque » (1) et avec une belle unanimité la totalité des présidents de Conseil Généraux s’y est déclaré opposée. Le motif le plus fréquemment avancé étant que le département est la structure idéale pour traiter les problèmes humains (RMI etc….) et pour suivre les citoyens en difficultés. Sortez les mouchoirs, ils vont finir par nous faire pleurer!….
En réalité, tous ces responsables politiques ne rêvent que d’une chose: garder « leur steack », leurs privilèges et leur(s) clientèle(s)! Marie de Roux le disait déjà au début du siècle précédent: « A quoi pense un élu? A être ré-élu! » Et pour ce faire, comme le notent Jacques Marseille et beaucoup d’autres, les élus n’hésitent pas à se créer une armée d’obligés, par le biais de l’administration départementale! C’est aussi simple que cela, et leurs trémolos de crocodiles ne tromperont que celles et ceux qui veulent bien être trompés…
On se rappellera que, de toutes façons, les départements ont aussi été inventés pour dynamiter les anciennes Provinces: les révolutionnaires voulaient « du passé faire table rase » et changer de régime, en coupant les Français de leur dynamique historique, pour les faire entrer dans un moule nouveau. Cela c’était hier. Et, aujourd’hui, à quoi assistons-nous? Les efforts de l’Etat pour supprimer des postes de fonctionnaires sont réels et méritoires. Mais ils sont annulés par la croissance des créations d’emploi locaux. Certains chiffres indiqueraient même que six postes seraient crées, au niveau local, là où quatre seraient supprimés, au niveau national! Il faudra bien, un jour ou l’autre, arrêter cette gabegie. La suppression des départements, et le transfert de leurs compétences aux Régions (2), pourrait bien être le moyen radical de supprimer définitivement le mal….
Avec le développement bénéfique et positif des inter-communalités, on voit bien en effet qu’il y a un échelon de trop en France. Or, même en regroupant autoritairement les Communes (ce qui serait très loin d’être facile…contrairement à ce qu’avancent les tenants du « yaka »…), on ne pourra pas supprimer le cadre Communal. Pourquoi pas, donc, des Provinces, composées non plus de Départements mais d’Inter-communalités? Que gagnent la Corse et l’Alsace à avoir deux Préfets plus un Préfet de Région? Et pour les autres Régions/Province, bien que plus étendues, est-il raisonnable et surtout utile d’avoir jusqu’à huit Préfets (Midi-Pyrénées), plus le Préfet de Région et, selon la région, des Préfets maritimes? Qui ne voit pas que cela ne peut qu’occasionner des doublons, voire plus: comment doit-on dire pour des « triplons » ou des « quadruplons »? En tout cas, aucun grand pays développé n’a cultivé avec autant de passion que notre Pays Légal Républicain l’art et la manière de mettre une population en coupe réglée, et sous étroite surveillance. On en revient à ce que nous disions pour commencer….
Certes, il faut réfléchir, et le sujet est complexe. Mais on ne pourra pas indéfiniment se payer le luxe de notre sur-administration actuelle, surtout au rythme où progressent les effectifs locaux. Et ceci pour une raison bien simple, qui transcendera tous les clivages politiques: les impôts locaux -Taxe d’Habitation et Taxe Foncière- sont en train d’atteindre la limite du supportable -une limite déjà dépassée dans certains endroits…-. Ils ne pourront pas augmenter indéfiniment, sans conduire à « des problèmes » avec les contribuables (refus de paiement ou autres…): or, vu l’augmentation du nombre de fonctionnaire locaux, il sera obligatoire de les augmenter encore. On va donc droit à la catastrophe si l’on ne fait rien.
Et cela fait penser au perroquet du Conte de Bainville, qui passe son temps à répéter: « Ça finira mal!… »(3) (à suivre…..)
(1): curieusement, il n’a pas jugé « loufoque » une autre proposition: celle de relancer l’immigration pour….doper la croissance! Allez comprendre…..
(2): on pourrait d’ailleurs en profiter pour re-donner aux Régions leur appellation historique traditionnelle de Provinces, plutôt que de les désigner par ce terme froid et technocratique de Régions (comme le font les allemands, avec le mot « Länder »……)
(3): « Jaco et Lori », Jacques Bainville (Grasset)
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