Paris, 10 heures 30, Place Louis XV (depuis peu, Place de la révolution): un homme, jeune encore (39 ans) est guillotiné: mais cet homme est le Roi, « le » symbole, et sa mort est voulue par les Révolutionnaires. Injuste et inutile, illégale et illégitime, elle leur est indispensable car il faut créer l’irréparable, opérer une cassure historique dans l’Histoire: il faut tuer le symbole. Mais aussi, et surtout, « …il faut que Louis meure, car si Louis est innocent, alors ceux qui ont fait la Révolution sont coupables… »: Robespierre a tout dit, la cause est entendue. C’est l’acte fondateur des Totalitarismes modernes. Désormais tout est dans l’État révolutionnaire, et quiconque lui fera obstacle sera supprimé.
Dans moins de neuf mois, la Reine mourra. Dans un peu plus de deux ans et cinq mois, son fils: c’est une Famille que l’on massacre, méthodiquement, et le message est clair: plus rien ne tient devant la toute puissance du nouvel Etat. La violence et la barbarie sont au service de l’idéologie. Ce 21 Janvier est vraiment un jour d’hiver, triste et froid: hiver de sa vie pour un homme, hiver pour une famille, hiver pour un peuple et une civilisation. Et de cet hiver-là nous ne sommes pas encore sortis. Son froid, glaçant et mortel, se ressent encore et toujours aujourd’hui.
Et tout cela pour quoi? 215 ans après, dans quel état est la France, elle qui était, sous Louis XVI précisémment, « la »super-puissance de l’Europe et du monde? Nous devrions nager dans le bonheur, puisque la révolution devait nous apporter la plus merveilleuse construction intellectuelle jamais imaginée. Sa perfection étant d’ailleurs la raison qui justifiait qu’on l’imposât par la Terreur. Force est de constater que l’or des promesses républicaines s’est changé en plomb, et que la France n’a cessé de s’affaiblir depuis, et dans tous les domaines. La révolution, et ses conséquences jusqu’à aujourd’hui, aura été le plus grand « ratage » de l’Histoire. Elle aura causé le plus extraordinaire « grand bond en arrière » auquel il aura été donné d’assister.
Se souvenir de Louis XVI, « faire mémoire »de cette année 1793 qui restera sans conteste l’année la plus funeste de toute notre Histoire, ce n’est ni de la nostalgie, ni du passéisme, ni du folklore. C’est être lucide. C’est savoir d’où viennent nos malheurs, quand, comment et pourquoi ils ont commencé. C’est la condition première et indispensable; c’est la seule façon de lutter vraiment pour que s’achève enfin ce grand cycle tragique, funeste et négatif qui a commencé par l’assassinat de Louis XVI à 10 heures 30, place Louis XV, à Paris, par un triste et froid jour d’hiver, le 21 Janvier 1793.
c’est injuste