On peut penser que ce livre (1) sera une vraie petite bombe. Bénéfique pour nos idées, ravageuse pour « le camp d’en face ». Il ne manquera probablement pas d’avoir de grandes conséquences car il s’inscrit dans un contexte: il n’a pas crée la vague, sans précédent, de remise en cause à laquelle on assiste depuis quelques années, mais il vient la conforter, et il la renforcera en lui donnant encore plus de poids et de crédibilité. Et il y aura donc interaction entre un état d’esprit général et un groupe d’intellectuels sérieux et compétents, les deux oeuvrant de conserve à l’évolution des idées sur la Révolution.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit: les lignes bougent, pour reprendre l’expression consacrée. Et le premier intérêt de ce livre est que justement il ne s’agit pas d’un livre partisan, d’un livre écrit par des gens qui seraient tous royalistes, stricto sensu, comme l’étaient ceux d’un Bainville, d’un Gaxotte. Malgré leur évidente qualité intellectuelle, ceux-ci ont pu être contestés, rejetés, mis à l’index en quelque sorte parce que, précisément, ils étaient royalistes. Cela ne se passera pas avec « Le Livre noir de la Révolution française »…..
Projetons nous à la fois en arrière et dans le futur. Il y a cent ans, lorsqu’on a célébré le centenaire de la révolution, la République était triomphante. Elle profitait encore à plein de l’énorme capital accumulé pendant mille ans d’Histoire de France, elle administrait une France encore puissante dans tous les domaines, et les résultats de ses funestes intuitions ne se faisaient pas encore sentir, ou ils étaient masqués précisément par l’éclatante santé de la France, même un siècle après le drame de 1789/1793: notre richesse, dans tous les domaines, était tellement importante qu’elle avait résisté à ce siècle de bouleversements.
Pour le deuxième centenaire, tout a changé. Certes la république a fait une fête, avec Jean Paul Goudes et deux ou trois trucs du même tonneau. Mais quelle différence avec le premier centenaire! De la République triomphante on était passé à une république du désenchantement. L’idéal, la foi, la religion révolutionnaire marxiste, héritière directe de la révolution de 89/93 venait de faire faillite. Des intellectuels de gauche comme Jacques Julliard se demandaient publiquement comment un tel idéal avait pu virer à un tel cauchemar!….
Il faut dire que François Furet était passé par là. On ne dira jamais assez l’importance capitale qu’il a eue, et lui aussi parce que justement il ne venait pas du royalisme, bien au contraire. Ayant débuté son parcours au Parti Communiste, il a eu l’intelligence, la lucidité et l’honnêteté de préférer la Vérité. Et même s’il n’a jamais adhéré à nos idées, il a puissamment contribué, et probablement plus que quiconque, au dynamitage du mythe révolutionnaire. Au même moment que Furet, Pierre Chaunu, Reynald Sécher publiaient leurs ouvrages: un mouvement était lancé, qui ne devait plus s’arrêter, et que « Le Livre noir… » vient donc conforter….
Au rythme où vont les choses, on peut se demander s’il y aura un troisième centenaire! La roue tourne: les émissions de télévision, les films qu’elle retransmet attestent qu’on ne parle plus des Rois et de notre Histoire comme on en a parlé pendant si longtemps, en mal évidemment, pour démolir notre Passé et faire l’apologie de ce qui lui a succédé. La compréhension, voire la sympathie ont fait place aux mensonges éhontés. Et cela ne pourra pas rester sans conséquences: la République, née dans la Terreur mais aussi dans le mensonge, s’est poursuivie par le mensonge, en vivant d’une certaine façon pour le perpétuer afin que, surtout, on n’aille pas trop chercher du côté de ses origines….
Nous, nous l’avons toujours su et toujours dit. La nouveauté est que, maintenant, la vérité dépasse les milieux royalistes et se répand; elle se propage irrésistiblement. « On » découvre, ailleurs que chez nous, que la Révolution, imposée par la Terreur, à donc inauguré le Terrorisme moderne en même temps qu’elle a fondé le Totalitarisme moderne. Qu’elle a fondé et inauguré les Génocides modernes. Qu’elle se trouve être à la source de l’une des causes du Racisme moderne. On sait maintenant, en dehors de chez nous, que l’apport principal de la République, au fond, c’est la Terreur, la violence au service de l’abstraction, et qu’on aurait connu les mêmes évolutions que les pays nordiques, qui se sont épargné ce traumatisme, sans cette page noire que fut la révolution …..
Le grand cycle s’achève? La croyance est épuisée? La Foi est morte? Aujourd’hui comme hier, notre rôle reste le même, il est de pousser à la roue, de se servir de ce mouvement général tout en le servant à notre tour. Car il est clair que l’on doit bien s’accomoder de « la révolution fait » –pour reprendre la formule de Maurras- mais qu’il faudra bien que nos concitoyens puissent enfin se dépêtrer de « la révolution idée ». Nos concitoyens et la France avec eux, pour un nouveau départ…..
(1): « Le Livre noir de la Révolution française », dirigé par Renaud Escande, Editions du Cerf (Paris), 882 pages, 44 euros.
corcelles sur Quand, il y a 155 ans,…
“Je comprends mal la fureur de Barbey car si Flaubert – qui se prenait pour Mme…”