Hubert Védrine était sur LCI, le mercredi 6 février, et parlait de l’Europe. Cette Europe qui, on le constate chaque jours, est considérée soit comme une grande idée soit, à l’inverse, comme un « machin » dont on se défie….
Or, il ne serait peut-être pas si difficile de redonner du souffle à l’idée européenne, de redonner à ce qui peut être une grande et belle idée un enthousiasme fédérateur et mobilisateur. Plutôt que de laisser cette idée être transformée en un cauchemar par une Commission de Bruxelles technocratique, et de toutes façons sans légitimité réelle. Une Commission qui fait tout ce qu’elle peut, dirait-on, pour rendre antipathique et déplaisante la construction européenne. Avec les résultats que l’on sait: par exemple, les votes négatifs de la France et de la Hollande lors des référenda de 2007….
Hubert Védrine s’est montré confiant. Avec son calme habituel -presque son flegme…- et la clarté d’esprit qui le caractérise, il a bien montré comment il serait, finalement, assez simple de passer ou de re-passer du dés-amour à un nouvel enthousiasme. Il faudrait d’abord et avant tout cesser de se focaliser quasi exclusivement sur les Institutions, car « elles sont stabilisées, on sait qu’on n’ira pas plus loin en matière d’intégration politique à 27, c’est comme ça… ».
Ensuite, « ….Il faut enfin revenir aux contenus. Qu’est-ce qu’on fait des politiques communes existantes? Est-ce qu’on les réforme? Quel budget donne-t-on à l’Union Européenne? Est-ce qu’on fait une politique commune de l’énergie? (ce qui n’est pas évident…). Est-ce qu’on fait des politiques « environnement/énergie », « environnement/agriculture », « environnement/transports »? Est-ce qu’on fait un nouvel Erasmus? Est-ce qu’on fait des opérations Galiléo sur beaucoup de plans?….Il y a mille sujets qui intéressent les gens, et même les gens qui ont voté « Non » au référendum attendent ça en fait… »
Europe projet, donc, qui touche les gens et qui peut les séduire, contre Europe technocratique qui les éloigne et qui les rend hostiles…Partir du réel et du concret, des besoins et des aspirations des peuples, au lieu de leur faire supporter le fardeau d’un échelon bureaucratique supplémentaire, dont ils ne comprennnent pas la « politique » qu’il mène, et dont ils ne comprennnet donc pas, ou plus, l’utilité: comment ne pas leur donner raison sur ce point?…..
Il faudrait, pour Hubert Védrine, cesser de favoriser l’euro-scepticisme en laissant constamment les technocrates de la Commission faire leur « machin » (comme disait de Gaulle en parlant de l’ONU). Comment ne pas être d’accord avec lui là-dessus? On voit bien, à l’usage, que les populations considèrent ces technocrates comme étant loin d’eux, loin de leurs préoccupations, et que c’est la raison principale pour laquelle elles les rejettent.
Redonner du souffle et du dynamisme à l’idée européenne, faire renaître l’exaltation et l’enthousiasme: voilà ce que s’est proposé Hubert Védrine ce mercredi soir. A l’entendre, c’était séduisant…..
Les propos d’Hubert de Védrine seraient tout à fait satisfaisants si, pour un machin, nous n’avions pas été obligés d’abandonner une grande partie de notre souveraineté, si nous ne sentions pas peser sur nous des mesures déplacées sur les sujets les plus variées: dates de chasse, TVA sur la restauration… mesures ressenties comme de véritables oukases… enfin si nous étions sûrs que les organes de gouvernement européen seront désormais démocratiquement élus et que la règle de l’unanimité restera garante de notre possibilité de retrait.
En l’absence de telles garanties, ce que dit ou écrit H. de Védrine n’a aucun sens pour qui aime la France.