Cinq jours après la descente de police à Villiers le Bel, la procureure de Pontoise fait le bilan (vendredi 22/02) à l’occasion d’une conférence de presse.
Elle estime que l’enquête a « permis d’obtenir des résultats et d’élucider des faits criminels et correctionnels ». S’efforçant de désamorcer d’éventuelles réactions de colère à Villiers-le-Bel, elle a convié à s’exprimer lors de cette conférence de presse l’avocat d’un des prévenus et a autorisé les « grands frères » de Villiers-le-Bel, présents en nombre au tribunal, à assister à la conférence. Elle a souligné que 11 « seulement » sur 18 mis en examen avait été écroués, « ce qui veut bien dire que (…) la détention qui a été requise dans les différentes procédures l’a été avec discernement ». Elle a en outre déclaré qu’il n’y avait pas de « justice à deux vitesses », et que l’enquête sur la mort des deux jeunes « se (poursuivait) activement »….
Un des grands frères l’interpelle, demandant quelles « preuves » avaient permis de mettre en cause les mis en examen; elle refuse de répondre, soulignant qu’une « instruction (était) en cours », qu’il y aurait vraisemblablement d’autres interpellations. Elle lui propose d’être entendu par un juge d’instruction. Devant la véhémence du jeune homme l’accusant de « réveiller la banlieue », elle met rapidement fin à la conférence de presse sans répondre aux questions des journalistes. Il est vrai que le « grand frère » dans la foulée de sa première arrogance, formule une menace à peine voilée: « …les jeunes, on va pas les tenir… »
Tant de gestes de bonne volonté, de mains tendues, de signaux forts d’amitié et de compréhension aux « jeunes » pour en arriver là ! à cette rebuffade, à ce mépris de la Justice de la part de ceux qu’on a tenté d’amadouer en s’aplatissant devant eux, et dont on n’a recueilli, en fin de compte, que du dédain et des crachats (au figuré, s’entend…). Nous avons tous vu ces images aux journaux télévisés le soir même: des « jeunes » interpellant la Justice, dans leur style inimitable et leur vocabulaire bien à eux. Montrant, pour l’occasion, le peu de cas qu’ils faisaient de ce qui, en théorie est quelque chose de sacré.
On pensait alors au proverbe moyenâgeux: « Poignez vilain, il vous oindra. Oignez vilain, il vous poindra… ». Certes, mais c’est trop court comme réaction. Car, au fond, qui est le plus à critiquer dans cette perte de prestige infligée à notre institution judiciaire: le voyou? mais lui est un voyou, on le sait, on le connaît; il fait, logiquement, ce pour quoi il est en quelque sorte programmé.
Bien sûr, il est révoltant de le voir apostropher ainsi une procureure, désacralisant du fait même la Justice. Mais, précisément, qui a permis cette mascarade ? Qui a pris des gants pour « désamorcer d’éventuelles réactions » ? Comme si la justice devait s’excuser auprès des malfrats de jouer son rôle et d’accomplir sa mission! on aura tout vu, tout entendu! Et qui avait autorisé, et pourquoi, les « grands frères » à assister à la conférence ? Qui, sinon des magistrats et des membres du Pays Légal, gangrenés dans leur tête par une certaine tétanisation devant la voyoucratie. C’est par la tête que pourrit le poisson…..
Vous dites : « C’est par la tête que pourrit le poisson….. »
Pas sûr en démocratie. La base de la pyramide y produit sa pointe.
C’est la Nation qui est gangrénée.