On sait l’usage, sinon immodéré du moins fréquent, que François Bayrou aime à faire d’Henri IV, et du symbole de paix et de réconciliation qu’il représente. Il n’est pas jusqu’au choix de la ville de Pau qui ne vienne, dans cette « vision », renforcer le message destiné aux Français: avec moi, Bayrou, ce sera la fin des clivages, une nouvelle façon de faire de la politique, et donc un grand bol d’air frais dans une classe politique et des moeurs politiques passablement sclérosées….
Nous avons noté en son temps l’aspect positif de ce désir de dépasser les clivages. Effectivement, très souvent, la coupure « gauche/droite » ne cadre pas, ou plus, ou très mal avec la réalité. L’opinion le sent bien, et c’est l’une des raisons pour lesquelles, au début de son aventure qui capote aujourd’hui, François Bayrou a rencontré un réel soutien, et une vraie sympathie dans l’opinion. On ne peut pas réunir plus de 18% des voix à l’élection Présidentielle par hasard….
Oui mais voilà. C’est très bien de se réclamer d’Henri IV et de parler comme lui. Et ce n’est bien sûr pas nous qui allons nous offusquer de ce « parrainage » ! Sauf que….
Sauf que, et c’est ce que Bayrou semble avoir mal apprécié, il ne suffit pas de parler d’Henri IV, de parler comme Henri IV, et d’avoir le ferme dessein d’agir comme lui…pour être Henri IV! Comme on le constate souvent, ce ne sont pas les hommes (ou les femmes: respectons la parité, gare à la Halde!….) qui sont mauvais, c’est le système qui est vicié à la base. Et qui les empêche d’aller « au bout de leurs rêves ». Et qui condamne irrémédiablement à réintégrer le cadre du Pays Légal et les appareils de partis tous les responsables de haut niveau (et il y en a dans la classe politique, nous ne devons pas l’ignorer…) qui aimeraient s’affranchir des scléroses, et ré-inventer le Politique.
En somme, et c’est ce que Bayrou n’a semble-t-il pas suffisamment évalué, pour être Henri IV et pour agir comme lui il faut, tout simplement…..être Henri IV. C’est à dire être Roi, indépendant, au-dessus du jeu politique et libre de ses contraintes. Sinon, si l’on est soi-même un chef de Parti, comment peut-on seulement imaginer s’affranchir du cadre dans lequel le jeu des partis est en quelque sorte défini, codifié et réglé par les institutions républicaines?
Bayrou nous en donne aujourd’hui un exemple frappant. Tout ce tapage pour, au bout du compte, se couler parfaitement dans le moule que l’on prétend rejeter ! En tant que personne, il ne s’occupe finalement que de son destin personnel, et ne rêve que de 2012. Il prévoit, et souhaite, l’échec de tout le monde, Sarkozy bien sûr mais aussi le PS, et dans le mégalomaniaque et souverain mépris qu’il a de tous, sauf de lui évidemment, il ne voit qu’une seule personne pour sauver la France: toujours lui, bien sûr ! Et, en tant que chef de parti, il en revient aux moeurs les plus détestables et les plus condamnables de la quatrième république, de triste mémoire: médiocres « combinazione » et alliances de couloirs et de circonstances, dont l’opacité laisse perplexe: avec la gauche à Marseille, avec la droite à Toulouse, et même avec le PC à Aubagne ! (mais là, c’était tellement « hénaurme » qu’il a été en quelque sorte contraint de désavouer ses lieutenants…).
Bref, que ce soit dans le comportement personnel ou dans celui du chef de parti, on conviendra qu’on est bien loin… d’Henri IV !
Pour n’avoir eu que l’idée de l’Arbitre -ce qui en un sens n’est de toutes façons déjà pas si mal…- François Bayrou, moderne Icare, vient de se brûler les ailes. Il n’y a pas lieu de s’en réjouir. Simplement d’en tirer la leçon politique qu’il nous a involontairement donnée: chacun doit rester à sa place. Les partis doivent rester dans leur rôle légitime de représentation des choix de l’opinion.
Et si d’aventure quelqu’un -Bayrou ou toute autre personne…- a la bonne idée de souhaiter corriger et ré-équilibrer nos moeurs républicaines, il faut l’inviter à regarder du côté des royautés nordiques ou en Espagne: là on a un Arbitre, en dehors des partis, qui incarne vraiment la nation dans le temps long (« ce qui ne change pas ») et qui permet à la représentation nationale (« ce qui change ») de jouer normalement son rôle, mais dans un cadre apaisé et serein: rappelons-nous de l’apostrophe de Christine Ockrent au correspondant du Times, lors d’un débat où il s’agissait de comparer les succès et les échecs respectifs de Tony Blair et de Nicolas Sarkozy: « Vous, vous avez la chance d’avoir la reine d’Angleterre. Ce n’est pas notre cas…
D’accord avec cetta analyse,je pense que,FB est le pire de tous,et avec les résultats,que son parti vient de faire aux dernières élections,il n’existe pas ET DEVRAIT SE CACHER?car c’est le diable républicain en personne.