Soupçonnés de liens avec le grand banditisme corse, six hommes dont Jacques Mariani et son père François comparaissent depuis le 25 février devant la Cour d’assises d’Aix en Provence pour l’assassinat, en septembre 2001 à Bastia d’un jeune nationaliste corse, Nicolas Montigny. Âgé de 42 ans, Jacques Mariani est accusé, avec Alexandre Vittini, 35 ans, d’avoir tué Montigny le 5 septembre 2001, de onze balles de pistolet automatique dans un cybercafé de Bastia!…
Pourquoi Montigny est-il mort ? Éliminé pour son engagement dans le nationalisme clandestin, lui qui fut un poseur de bombes du FLNC? Ou bien exécuté pour ses accointances avec des caïds dans un sombre conflit de partage de territoires ? Ce jeune homme de 27 ans, pour Luc Leroux, est « la victime de ce concubinage dévoyé entre nationalisme et voyoucratie. Sur le théâtre d’ombres de la clandestinité insulaire, les cagoules, estampillées FLNC, dissimulent parfois de simples bandits. Et, trente ans après Aléria, l’engagement indépendantiste de certains a peut-être perdu de sa virginité pour laisser poindre d’autres appétits… »
C’est en prison que Montigny avait fait la connaissance du chef nationaliste Jean-Michel Rossi, qui devait fonder « Armata Corsa » en 1999 avec François Santoni. A ce moment là, Montigny est dépeint comme le représentant d’une jeunesse insulaire que l’ennui pousse à se laisser embrigader par des porteurs de cagoules. « A sa mère-toujours selon Luc Leroux- Nicolas Montigny avait confié que la guerre entre groupes clandestins pour le leadership de la lutte armée contre l’État colonial s’était doublée d’une autre guerre, celle-là pour le contrôle des machines à sous en Balagne. » Là, l’ennemi ne se serait plus appelé « l’État français » mais, beaucoup plus prosaïquement, « la Brise de Mer » (1).
Et voilà la boucle bouclée, et Nicolas Montigny -mais tant d’autres avec lui….- passé du stade de militant politique à celui de nationaliste véreux puis de voyou patenté…Et toute une jeunesse avec lui, toute une mouvance, peut-être « politique » au départ, mais très certainement mafieuse à l’arrivée….Quelle dérision ! les « Liaisons Dangereuses » entre « nationalisme » (?!) et Mafia…
Comme nous l’écrivions en conclusion d’une réflexion sur Yvan Colonna, juste après sa condamnation: « …C’est dommage pour eux, c’est surtout dommage pour la Corse, dont ils ne cessent de se réclamer et qu’ils ne cessent de présenter comme la justification « suprême » (?!) de ce qu’ils osent encore appeler un combat. Après tout, qu’ils souillent et gâchent leur existence, même si c’est triste, c’est leur affaire. Mais qu’ils tentent d’impliquer la Corse dans leur impasse meurtrière, et qu’ils tentent de faire croire que c’est pour elle qu’ils ont fait « ça », voilà qui dépasse l’entendement, et qui est, sans conteste, une offense au bon sens.
On se souviendra toujours avec reconnaissance que la Corse est la province française qui a payé le plus lourd tribut humain pour la défense de la Patrie durant la Grande Guerre: cette Corse là, c’est la vraie Corse. Celle qui ne fait pas tant de beaux discours mais qui est là quand il faut donner un sens aux mots Honneur, Dévouement, Sacrifice. Cette belle et noble terre, que les grecs anciens appelaient déjà « Kallisté », c’est-à-dire « la plus belle », ne saurait en aucun cas être représentée par des gens pareils….. »
(1): estampillée « redoutable gang implanté en Haute Corse »,la Brise de mer est une bande structurée, née dans les années 1970, et dont le nom vient d’un bistrot du vieux port de Bastia.
Se limiter à faire l’amalgame entre les mouvements politiques corses, la jeunesse qui y milite et le grand banditisme, voilà une fine analyse qui nous renseigne sur les causes racines de la situation actuelle de la Corse.
Consternant.