Il n’y a pas si longtemps, François Fillon en avait étonné plus d’un en reconnaissant publiquement que « les caisses étaient vides ». Certes, tout le monde le savait, mais la nouveauté résidait dans le fait que le Premier ministre, sans langue de bois, assumait crânement la situation, manifestant ainsi sa lucidité mais aussi un courage personnel indéniable. Toujours dans le même registre, voici ce qu’il a déclaré au micro de RTL, le 13 mars 2008 (et que l’on ne peut, bien sûr, qu’approuver…):
« …J’ai écrit depuis des années, j’ai essayé de démontrer qu’une des grandes faiblesses de notre pays c’était son instabilité gouvernementale…Malgré des Institutions qui donnent une stabilité politique, la France est le seul pays européen -un petit peu avec l’Italie, mais même l’Italie fait mieux que nous sur une longue période- à changer de gouvernement à un rythme qui est, en gros…tous les 18 mois. Et depuis 20 ans qu’est-ce qu’on voit? On voit des majorités qui prennent des engagements vis à vis des français, qui commencent à les mettre en oeuvre, et puis à la première élection intermédiaire perdue, à la première difficulté avec l’opinion on remanie, et on change de politique…. »
Il convient de saluer, une fois de plus, la franchise de François Fillon, et d’apprécier à sa juste valeur ce « parler vrai » dont il fait preuve dans cette déclaration, et qui l’honore. Cela montre qu’il est lucide, et à la façon d’un Bainville (1), nous ne devons jamais manquer d’éviter de tomber dans une critique systématique et stérile des gouvernants et des hommes politiques…..
Il y a peu de temps -et c’est à rapprocher de cette déclaration-, lors d’un sommet européen, le ministre allemand de l’économie et des finances avait salué son nouvel homologue français en lui disant, en substance, ceci: vous êtes mon septième ministre, et moi je suis ministre depuis sept ans….
Sans tomber dans la critique facile, cette anecdote montre bien qu’il y a aussi des raisons politiques, institutionnelles, aux retards, aux problèmes, aux faiblesse que connaît la France par rapport à ses partenaires. Dans tous les domaines, et pas seulement dans le domaine économique…..
Quand c’est l’un des tous premiers personnages de la république qui le dit, cela doit lui être compté. Et nous, nous ne devons pas bouder notre plaisir…..
(1): Jacques Bainville n’a-t-il pas écrit, en effet, que l’art de gouverner -et surtout un pays comme la France…- était un art difficile, et qui devait amener à « une grande indulgence envers les gouvernants »…. ,
Je ne peux qu’applaudir à votre article; Dès le début le calme et la clairvoyance du premier ministre faisait un contraste avec les promesses inconsidérées et l’attitude du président. Tout en étant d’une loyauté exemplaire il sait avec modération mettre un bémol et ne pas cacher une faillite qui nous place en mauvaise position en Europe.
On ne peut que lui souhaiter la durée dans sa fonction mais la république est capricieuse et changeante et se meut au gré de l’audimat.