La visite du Saint-Père aux États-Unis revêt différents aspects, tous du plus haut intérêt, comme tout ce qui touche à l’action du Souverain Pontife, et il est évidemment trop tôt pour les analyser.
Les spécialistes des questions religieuses les étudieront de ce point de vue qui n’est d’ailleurs pas négligeable non plus sur le strict plan politique qui est le nôtre. Si la politique ne s’entend pas seulement comme la simple gestion des affaires courantes de la Société, il est en effet évident qu’elle a beaucoup à voir avec l’évolution spirituelle des peuples et du monde dans son ensemble.
C’est ce qui explique, sans-doute, l’accueil exceptionnel que la première puissance de la planète réserve en ce moment au pape Benoît XVI. Celui-ci porte évidemment le plus grand intérêt à ce grand peuple qui passe pour incarner la modernité, la puissance et l’avenir du monde, mais où, pour autant, la religion tient un rôle de premier plan, même si l’Etat y est strictement laïque, de façon, d’ailleurs, radicalement différente du laïcisme militant qui domine en France et divers pays d’Europe au prix d’une rupture destructrice avec leurs racines les plus ancrées …
Mais les responsables de l’Administration américaine reconnaissent une importance, un intérêt, tout aussi grands à la visite du pape dans leur pays, où les catholiques sont nombreux. Visiblement, l’on n’en est plus au temps où Staline posait la question : le pape, combien de divisions ? Il s’est simplement produit, entre-temps, l’éclatement du monde communiste, l’effondrement du rêve marxiste, auxquels l’Église Catholique, Jean-Paul II à sa tête, n’ont pas peu contribué. Auxquels, naturellement, elle a survécu …
Par ailleurs, la déliquescence des sociétés libérales est devenue un fait majeur que n’ignorent ni Georges W. Busch, ni surtout, dans une tout autre perspective et avec une tout autre ampleur, le pape BENOIT XVI. Les pouvoirs politiques s’en trouvent partout singulièrement affaiblis et les États, souvent sans puissance ni autorité, dans bien des cas ne sont plus que ce que BOUTANG appelait des « semble-états », en quête d’une nouvelle légitimité…
Spectacle singulier que celui d’un homme dénué de toute puissance matérielle, reçu comme jamais aucun Chef d’état n’est reçu aux Etats-Unis, par leur Président et sa famille ; pour qui une réception de 10.000 personnalités américaines est organisée, dans les jardins de la Maison Blanche, auxquelles il a adressé son message ; en l’honneur de qui un grand-dîner a été donné dans les mêmes lieux, mais auquel il n’a pas assisté, probablement parce que le pape ne dîne pas en ville, mais avec les prélats qui l’entourent…
Éminemment politique, au sens le plus noble du terme, mais également transcendant au politique : telle est l’image que le pape donne à l’Amérique et au Monde. N’est-ce pas là, à des titres divers, l’attente et l’espérance des peuples, face aux temps difficiles qui s’annoncent ? De ce point de vue, force est de constater que le miracle du Catholicisme romain se poursuit à travers les époques et les situations et qu’il continue de dispenser ses bienfaits au monde, de tirer sans cesse vers le haut, à temps et à contre temps, l’ensemble des sociétés qui, sans sa présence, n’auraient souvent d’autre perspective que la consommation médiocre des uns ou la misère noire des autres …
Claude Armand Dubois sur La réaction très personnelle de Kamel…
“Je comprends Boualem Sansal, l’exil est une amputation dont on ne se remet pas, c’est un…”