Ces programmes doivent être mis en oeuvre à la rentrée prochaine. Ils resteront courts et recentrés « sur l’essentiel », dit-on au Ministère. Comme il fallait s’y attendre, les syndicats d’enseignants de gauche dénoncent, eux, une vison « passéiste » de l’école.
De quoi s’agit-il en fait ? Le Français et les maths sont à l’honneur, et l’on va insister sur « les fondamentaux ». Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, qu’il faut saluer et qu’il faut encourager. Pourtant on peut faire quelques réserves et penser que l’on va faire encore a la fois trop et pas assez……
En effet, puisqu’on parle de « fondamentaux », la Culture générale, l’Histoire doivent être aussi renforcées: or ce n’est pas le cas -du moins pour l’instant….- alors que l’on va faire de l’histoire de l’Art, et que par exemple le cinéma va être introduit par ce biais dans les programmes….
Il nous semble qu’en fait il faudrait arrêter le saupoudrage d’horaires, un saupoudrage induit par l’encyclopédisme des programmes. Il faudrait admettre une fois pour toutes que les enfants ne vont pas à l’école pour tout apprendre, tout faire et tout savoir. Or, n’est-ce pas ce à quoi prétendent ces programmes démentiels, parce que trop ambitieux, que l’on propose tout au long du cursus scolaire ?
Expliquer au contraire aux enfants qu’il ne serait ni souhaitable, ni de toutes façons possible, de prétendre tout voir, ce serait leur donner une première et forte « leçon de vie« , une utile « leçon de sagesse ». On les met au contraire dans un système où on leur laisse à penser d’une certaine façon que tout est possible, que l’on va toucher à tout; on les installe en quelque sorte dans l’illusion qu’ils vont arriver à tout découvrir dans l’école, ce qui ne peut que fausser leur vision des choses et leur découverte des -dures…- réalités du monde.
Ajoutons à cela l’idéologie dominante du « yaka »: « yaka-mettre-plus-de-profs », « yaka-mettre-plus-de-moyens » etc… (discours qu’ils entendent forcément et qui ne peut pas ne pas laisser quelques traces…) et l’on court bien évidemment le risque de déformer dès le départ la perception des choses et de la réalité des enfants……
Pour en revenir au problème plus concret des programmes et des horaires, le Ministère peut aller plus loin et peut faire beaucoup mieux. Il laisse en effet un nombre d’heures important (jusqu’à onze par semaines…) à la disposition des Maîtres. C’est sur ce volume que l’on peut jouer, en augmentant e,core fortement le nombre d’heures dévolues réglementairement aux matières fondamentales.
Voici par exemple quelques données intéressantes, proposées par « Veille-éducation ». Elles ne concernent que les horaires d’enseignement du Français, puisqu’encore une fois l’Histoire et la Culture générale -pourtant tout aussi « fondamentales » selon nous….- ne sont pas concernées. Pas ou pas encore, restons foncièrement optimistes et espérons que ce sera pour la prochaine fois, en donnant acte pour l’instant au ministre du fait qu’il a fait, pour le Français un pas dans la bonne direction. Qu’on juge du problème que soulèvent ces chiffres, qui s’interéssent également au Collège:
En 1976,
un élève sortant du collège a reçu 2800 heures d’enseignement du français depuis son entrée au cours préparatoire.
En 2004, et depuis,
il en a reçu 800 de moins. Il a donc perdu l’équivalent de deux années et demie par rapport à 1976. C’est comme si, au milieu de son année de cinquième, on le faisait passer en seconde !…..
Et puisque la lutte contre l’illettrisme est une priorité, et que l’efficacité d’un apprentissage dépend aussi du temps qui lui est consacré, « Veille éducation » demande l’adoption des horaires suivants:
1: à l’école primaire
– en CP, 15 heures par semaine au lieu de 9 heures 30 ;
– en CE 1, 11 heures 30 au lieu de 9 heures 30 ;
– en CE 2, 11 heures 30 au lieu de 6 heures 30 ;
– en CM 1 et CM 2, 9 heures au lieu de 6 heures 30 ;
2: au collège
– en 6e, 6 heures par semaine, dont trois dédoublées, au lieu de 5 heures ;
– en 5e, 6 heures, dont deux dédoublées, au lieu de 4 heures ;
– en 4e, 5 heures, dont une dédoublée, au lieu de 4 heures ;
– en 3e, 5 heures au lieu de 4 heures 30 ;
Ces horaires correspondent, redisons-le, à ceux du collégien de 1976. Or, on ne peut continuer de parler honnêtement de lutte contre l’illettrisme si l’on continue de refuser aux élèves d’aujourd’hui ce qu’on accordait hier à leurs aînés….
Les mesures que vient de prendre Xavier Darcos, et qui visent à redonner toute sa place au Français vont donc dans le bon sens. Elles auront donc forcément un impact direct sur la qualité d’apprentissage de toutes les matières, puisque aucun enfant n’apprend volontiers s’il ne sait lire et écrire aisément. Il reste à les renforcer, en augmentant encore les heures consacrées au Français, et à les doubler de mesures visant, parallèlement, à rétablir la Culture générale et historique, afin que l’on puisse dire que la réforme à enfin reposé l’école sur des bases vraiment saines…..
Je suis parfaitement d’accord avec cet article.
Pour être complet il faudrait rajouter que dans le projet de Xavier Darcos figure en clair « l’évaluation des résultats ».
Ce qui n’est pas explicitement dit mais qui est en filigane ,c’est bien une évolution/rémunération de carrière liée à ces fameux résultats. Normal non?