Oui, il faut réformer les ports…..et en finir avec 1945 !…..
Le gouvernement semble décidé à prendre enfin le taureau par les cornes. Il souhaite arriver aux « 10 millions de boites »(1), mais surtout faire en sorte que les ports français luttent enfin à armes égales avec les autres ports européens, et soient au diapason avec eux: car nous sommes les seuls à avoir des boulets aux pieds pour lutter avec une concurrence qui, elle, n’a pas notre organisation duale: les dockers ont bien vu leur statut réformé, mais pas les grutiers ni les portiqueurs.
Et c’est là que le dossier s’annonce explosif. Car le projet gouvernemental prévoit la privatisation des activités de manutention et leur transfert de la compétence des ports à celle d’opérateurs privés. Il serait donc permis à un investisseur propriétaire d’un matériel de l’exploiter avec son propre personnel, et non plus d’être obligé « d’en passer »-de fait…- par la CGT. Grutiers et portiqueurs rejoindraient donc quant à eux les dockers, et c’en serait fini de cette organisation duale et bâtarde qui pénalise nos ports et permet à la CGT de les bloquer à tout moment. Pour le plus grand avantage des autres ports concurrents….
C’est donc bien là qu’est le noeud central du problème (tout le reste étant plus facilement négociable): ce principe de commandement unique pour les activités de manutention. Celui-ci existe dans tous les ports de l’Europe, nos concurrents directs, avec qui nous ne pouvons pas lutter si nous ne l’appliquons pas. Mais il remet directement en cause cette immense victoire remportée en 1945 par la CGT, lorsqu’elle a obtenu le privilège exorbitant de la main-mise sur les ports français.
Le Parti Communiste était à l’époque en position de force: les temps ont évidemment changé, mais pas sur les quais, où rien n’a bougé. D’où le décrochage économique des Ports français par rapport à leurs concurrents, et les pertes d’emplois induites. La CGT s’en fiche (2) parce qu’elle préfère conserver ses avantages et ses privilèges. Mais l’économie française, elle, a impérativement besoin de renaître dans ce secteur, et de connaître un nouveau départ et de nouveaux succès, créateurs d’emplois.
Le gouvernement promet qu’il y a 30.000 emplois en jeu: on n’est pas sûr qu’il y aura 30.000 emplois de créés si l’on fait cette réforme des ports; par contre, ce dont on est sûr, c’est que si on ne la fait pas la lente asphyxie des ports français continuera, et qu’un jour -plus très lointain…- on ne parlera plus d’eux qu’au passé: Marseille était le 1° port de la Méditerranée il y a à peine quelques décennies, il n’est plus que le le 11° aujourd’hui. Il était 24° pour les conteneurs, il n’est plus que 84° aujourd’hui ! Tout cela pour les intérêts politiques -et matériels….- de la CGT, qui tient à preserver son pouvoir, hérité de 1945…..
On a dit ici et là qu’il fallait « liquider » mai 68. Et si on « liquidait » aussi le privilège exorbitant que s’est octroyé la CGT sur les ports, ce vestige incongru et obsolète de 1945 ?…..
(1): Objectif : rattraper le retard pris par les infrastructures portuaires françaises face à la concurrence internationale. François Fillon a fixé la barre haut : tripler d’ici 2015 le nombre de conteneurs acheminés via la France (passer donc de 3,6 millions à 10 millions). Et créer 30 000 emplois….
(2): On se souvient qu’en mars 2007, le syndicat avait bloqué pendant 18 jours le port de Marseille pour réclamer à Gaz de France l’embauche d’agents du port autonome sur son terminal. Les dégâts avaient été lourds pour les entreprises locales, dont certaines ont dû fermer (bonjour la « solidarité ouvrière » !…..) mais la CGT avait gagné son bras de fer…. L’exemple de ce qu’il ne faut plus voir, si l’on veut que les ports français redeviennent ce qu’ils ont été….
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