Et les choses pourront-elles durer longtemps comme cela ? Ce n’est pas directement la question qu’il a posée, mais c’est la question qui venait immédiatement à l’esprit, sitôt sa chronique terminée.
Le lundi 19 mai, sur LCI, Christophe Barbier dialoguait avec Jean-François Rabilloud. Le sujet de départ était le service minimum dans les écoles, prévu pour le 15 mai (jour de grève dans l’Éducation…).
Rabilloud fait remarquer à Barbier que le problème de Xavier Darcos n’est pas de décréter ce service minimum, puisque ce sont les mairies qui décident de recevoir les enfants, or beaucoup de mairies sont à gauche….. C’est à partir de là que l’échange devient passionnant….
« …Eh oui, et nous sommes exactement dans l’illustration de la nouvelle cohabitation, mode 21° siècle -reprend Christophe Barbier-. Ce n’est plus Jospin/Chirac, Balladur/Mitterand, non, c’est une cohabitation Haut/Bas…..
1°) C’est l’effet du quinquennat: on ne cohabite plus droite/gauche, tout le pouvoir est donné à un camp (Président, Assemblée, pendant cinq ans), mais les électeurs mécontents ont les élections intermédiaires locales pour se venger; et ils peuvent instaurer (c’est ce qu’ils ont fait aux dernières municipales, c’est ce qu’ils avaient fait aux dernières régionales) une cohabitation entre le pouvoir parisien et le pouvoir local…..
Au delà de ce nouvel équilibre, et des blocages que cela peut entraîner, cela pose une vraie question: jusqu’où des élus de terrain, des élus des collectivités locales, peuvent-ils refuser une réforme et ne pas l’appliquer, peuvent-ils résister ? On se souvient de Ségolène Royal disant qu’elle ne donnerait pas de subventions aux entreprises appliquant le Contrat Nouvelle Embauche il y a quelques années……
2°) Cela pose le problème du rapport entre le légal et le légitime. Les maires sont parfaitement légaux, ils ont été élus. Est-il légitime de leur part de s’opposer à une réforme qui vient du gouvernement ? A une réforme qui est décidée, c’est parfois le cas, par l’Assemblée Nationale ?
Entre le légal et le légitime, quand ces deux piliers de la république ne fonctionnent plus ensemble, on est dans une crise d’autorité….. »
Pour nous, bien sûr, ce genre de propos n’est ni nouveau ni surprenant. L’intérêt vient de ce qu’ils sont tenus maintenant, et de plus en plus souvent, et de plus en plus clairement, par des personnes qui, jusqu’ici, n’étaient pas atteintes par notre propagande, et ne semblaient pas (ou peu…) réceptifs à nos arguments….. Vivrions-nous une époque épatante ?…..
La règle démocratique du pouvoir délégué à la « majorité plus un » n’est validée que si la gauche l’emporte. D’où la fameuse invective d’un député socialiste à un député de l’opposition (de droite) : « vous avez politiquement tort ! »
On en remet une couche avec le double-étage de pouvoirs légitimes instrumentalisé par les Verts : démocratie représentative d’étage national, démocratie directe d’étage local.
Qu’importe finalement, les pouvoirs sont partis de France.