Les millions chaque année déversés dans ce qu’il est convenu d’appeler les « quartiers » bénéficient d’abord aux associations. Environ la moitié des crédits de la politique de la ville y sont consacrés. Au nom de la proximité de terrain !….. (1)
Chaque année, c’est la foire aux subventions. En 2006, 121 associations ont bénéficié des largesses de la délégation interministérielle de la ville (DIV), pour des montants toujours supérieurs à 5 000 euros. En Seine-Saint-Denis, pas moins de 876 associations ont été subventionnées par l’État (il y en avait 643 en 2004). Sur tout le territoire, on en compte en tout 15 000 qui œuvrent « au cœur de la politique de la Ville », selon la logomachie en vigueur. Le rapport Sandrier (du nom de ce député Gauche démocrate et républicaine du Cher), en 2001, en distinguait plusieurs types : les « associations de proximité », les « associations spécialisées par la définition du public adhérent mais dont les actions sont susceptibles de concerner tous les habitants », c’est-à-dire des associations regroupant des immigrés mais s’ouvrant « à un public plus large ». Enfin les « associations tournées vers elles-mêmes », qui « situent d’abord leurs actions dans une perspective communautaire ». Intéressant……
Quand on traduit cette langue de bois, on comprend que la politique de la ville, qui n’a que le mot intégration à la bouche, n’a de cesse d’encourager le repli sur soi et l’enfermement communautaire dans les quartiers. C’est ainsi que les Scouts musulmans de France ont reçu 90 000 euros en 2005 ; l’Association des juristes berbères, 20 000 euros en 2003 ; la Coordination des Berbères de France, 20 000 euros en 2004. Trois exemples parmi des centaines d’autres……
La Cour des comptes, dans son dernier rapport sur le sujet, souligne avec pudeur « l’insuffisance du suivi et du contrôle de subventions de l’État aux associations ». La réalité est plus prosaïque : il n’y a pas de contrôle et quand une association réussit à toucher de l’argent une année, elle est quasiment assurée de le toucher à nouveau l’année suivante. Autres bénéficiaires : les entreprises des zones franches urbaines (ZFU). Elles profitent d’exemptions fiscales, qui équivalent à des emplois subventionnés. Il y a 100 zones franches urbaines. Or tout le monde sait et dit que:
1°) Ces zones coûtent cher. Les exonérations de charges équivalent à 80 % des salaires bruts qui sont versés dans les entreprises. D’après l’économiste indépendant Laurent Martin, chaque emploi en ZFU, payé 1,05 SMIC en moyenne, reçoit des contribuables 0,84 SMIC de subvention.
2°) Ces zones sont inefficaces. Il y a un effet d’aubaine évident dans ces emplois. Parmi les gens embauchés, on compte 62,5 % de chômeurs. Parmi eux beaucoup auraient été embauchés de toute façon. Les « nouveaux emplois » induits par ces zones franches ne sont donc pas si nouveaux que ça.
3°) Ces zones sont injustes. Elles créent, entre les entreprises de la ZFU et leurs compétiteurs situés hors de la zone, une concurrence déloyale. Si l’entreprise concurrencée fait faillite, le mauvais emploi aura chassé le bon.
4°) Ces zones enfin, entretiennent l’emploi de façon artificielle. Quand les subventions prennent fin, l’entreprise, bien souvent, s’écroule…
Mais le piquant de tout ceci est que l’absence de résultats des « plans banlieue », loin de provoquer une remise en question du bien-fondé, incite les politiques, de droite comme de gauche, à en concocter de nouveaux, toujours plus coûteux ! Ce serait presque drôle s’il n’y avait là un scandaleux gaspillage, à très grande échelle, d’un argent public qui fait si gravement défaut par ailleurs, comme dans la Recherche par exemple, vraie créatrice d’emploi et permettant de véritablement préparer l’avenir….
Pour conclure ce rapide tour d’horizon, rappelons qu’en 1994, les sommes consacrées à la politique de la ville atteignaient 1,4 milliards. L’an dernier, nous en étions à 7,2 milliards. Depuis 2000, on estime à 34 milliards les sommes englouties dans cette ruineuse politique. Si tant est que l’on puisse calculer les sommes en question : les contours de la politique de la ville sont difficiles à cerner. Les sommes consacrées à l’aide médicale d’État (AME), par exemple, ne sont pas comptabilisées comme en faisant partie. Elles représentent pourtant 1 milliard par an……
(1): source: « Contribuables associés ».
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