On le sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions. On vient d’en avoir une nouvelle illustration avec cette surprenante déclaration du député UMP Frédéric Lefebvre (député des Hauts de Seine et porte parole de l’UMP).
Il part d’une bonne intention, puisqu’il veut nous « rassurer sur la Turquie ». On ne peut que lui savoir gré de ses bontés pour nous; on ne peut qu’approuver aussi sa démarche; mais au bout du compte (et outre le fait qu’entre-temps le référendum obligatoire a été voté par les députés, et inscrit dans la Constitution…) quelle usine à gaz il va imaginer !…..
Qu’on en juge: il a annoncé qu’il allait déposer un amendement au projet de réforme de la Constitution, pour maintenir un référendum obligatoire sur les adhésions à l’Union européenne de pays « pas géographiquement en Europe ». « Cet amendement prévoira l’obligation de faire un référendum lorsqu’il s’agira d’un pays qui n’est pas géographiquement en Europe », c’est-à-dire « quand il n’a pas sa capitale en Europe ou quand la très grande majorité de son territoire n’est pas sur le continent européen », a déclaré M. Lefebvre. « C’est un amendement qui rassurera pour la Turquie« , a-t-il précisé, car Nicolas Sarkozy, qui s’est engagé à organiser un référendum sur une adhésion de la Turquie à l’UE, « ne sera pas ad vitam aeternam président de la République » et « l’objectif est que cet engagement soit obligatoirement tenu par l’ensemble des chefs d’Etat qui lui succéderont »….. Ouf !
Un peu compliqué, non ? Alors qu’il serait si simple, maintenant, de susciter un véto collectif des pays hostiles à l’adhésion turque ! Et d’en finir une fois pour toutes avec ce mauvais feuilleton, qui commence à lasser sérieusement. Dire « Non » à la Turquie maintenant, en suscitant une sorte de rassemblement des « nonistes », ce serait acquérir une stature et une dimension internationale pour Nicolas Sarkozy, s’il en prenait l’initiative. Et ce serait gagner au centuple en popularité, pour lui et pour la France, dans les opinions publiques européennes, ce qui serait perdu du côté turc ou du côté des technocrates bruxellois…..
Car n’oublions pas que Manuel Barroso, président de la commission européenne, continue à manoeuvrer pour imposer « sa » Turquie: « Aujourd’hui, la Turquie est une part intégrante de notre agenda pour l’élargissement. Notre objectif communément partagé est que la Turquie devienne un membre à part entière de l’UE. Beaucoup de gens dans les États membres comme en Turquie, veulent s’attarder sur ce qui ne fonctionne pas dans nos relations, sur les obstacles à court terme et les difficultés que nous pouvons rencontrer. Dans l’UE ils peuvent dire que la Turquie n’est pas prête pour l’adhésion ; tandis que beaucoup de gens en Turquie disent qu’au final l’UE ne voudra pas de l’entrée de la Turquie. A tous ceux là, je déclare que notre présent et notre futur sont intimement liés. »
Face à ce bulldozer lent, mais tenace, la bonne volonté d’un député, et l’usine à gaz qu’il a imaginée, ne suffiront pas. Il faut mettre les points sur les « I ». Et l’on sait très bien qu’éluder les problèmes ne contribue jamais à les résoudre, au contraire, cela ne rend que plus douloureuse leur solution.
Comme le dit le bon sens populaire, « quand faut y’aller, faut y’aller !… »
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