Dans le camp de ceux qui ont été déçus par le vote irlandais, on dit beaucoup de choses depuis la victoire du Non.
On ne sait même pas toujours très bien ce qu’on dit. Et on dit même parfois franchement n’importe quoi…..
Dans le grand nombre de « réactions », plus farfelues ou scandaleuses les unes que les autres, nous nous contenterons de relever deux énormités, sur lesquelles on nous permettra de nous arrêter quelques instants.
La première a été le fait de ceux qui ont prétendu qu’il n’y avait qu’à « passer outre », et faire ratifier le traité de Lisbonne par tous les autres membres de l’Europe , un « petit pays » ( sic ! ) ne pouvant pas bloquer l’Union Européenne ! Cette proposition saugrenue réussit le tour de force de combiner en quelque sorte trois fantaisies (encore est-on gentils d’employer ce terme…) dans une seule phrase.
D’abord, « passer outre » une volonté populaire, librement exprimée, dans un référendum libre, et sans aucune contestation possible, d’aucune sorte : bonjour la démocratie !
Ensuite, partout, ce sont des parlements, et non des peuples, qui ratifient. Et on voit bien qu’à chaque fois qu’on donne la parole aux peuples, et non aux parlements, ces peuples non seulement ne ratifient pas, mais se saisissent de la seule occasion qui leur reste pour clamer haut et fort leur(s) désaccord(s) avec une gouvernance technocratique, en votant directement en sens contraire des élus : le triple « Non » français, hollandais et irlandais (trois sur trois, carton plein !….) devrait tout de même commencer à poser un sacré problème à certains….
Enfin, cerise sur le gâteau, la taille et la population…. Il ne faudrait pas tenir compte du « Non » irlandais parce que l’Irlande n’est qu’une toute petite partie du territoire et de la population européenne ! Poussons le raisonnement jusqu’au bout : cela signifie-t-il qu’au fond seuls les « gros » pays comptent, les « petits » ne faisant que de la figuration ? Là aussi, bonjour la démocratie ! Avec des raisonnements (? ) pareils, on ouvrirait évidemment la voie à toutes les dérives, à toutes les aberrations possibles…. Au fait, si l’Irlande avait voté « Oui », qu’auraient-on dit à ceux qui, d’aventure, auraient prétendu que le « Oui » d’un petit pays ne pouvait pas engager un grand ensemble ?… On voit bien là la mauvaise foi et la niaiserie profonde du pseudo argument…..
Tout à fait différente, la seconde énormité est celle qui consiste à prétendre faire re-voter les irlandais. Passons sur la vexation scandaleuse que cela représente pour un peuple souverain…. Passons sur le déni de démocratie….Les tenants de cette « solution » (qui n’en n’est évidemment pas une…) ont-ils pensé à ce quelque chose qu’on ne peut absolument pas exclure : et si – profondément vexés, voire blessés dans leur fierté légitime- les irlandais, à qui l’on infligerait ce camouflet, votaient Non pour la deuxième fois ? On les ferait re-voter une troisième ?
Certains cherchent peut-être à se rassurer, en arguant du fait que par deux fois, dans un passé récent, deux peuples ayant d’abord voté « Non » ont fini, un an après, par voter « Oui »: les danois (qui avaient d’abord voté « Non » à Maastricht) et les irlandais (qui avaient d’abord rejeté le traité de Nice…). Mais les choses ont évolué depuis, et pas dans un sens favorable aux « eurobéats ». Il serait vain de nier la montée d’une exaspération diffuse et d’un ras le bol généralisé vis a vis des instances dirigeantes de Bruxelles et de leur action…..
On sait bien la part énorme, prépondérante, que prennent les facteurs affectifs dans ce genre de référendum. Bismarck disait qu’on pouvait écraser une Nation, mais qu’il ne fallait jamais l’humilier. Il était, sur ce point précis, plus psychologue que nos technocrates/eurocrates. Vexer ou blesser un peuple dans sa fierté nationale, c’est la meilleure façon de créer les conditions d’un raidissement national, et de travailler -dans le cas qui nous occupe- pour le camp du refus et donc du Non. Il faut croire que la psychologie la plus élémentaire, la simple connaissance des ressorts les plus évidents des comportements humains de base ne sont pas enseignés, ou en tout cas pas connus, dans les hautes sphères où évoluent les fonctionnaires bruxellois.
Si hautes, les sphères, que les-dits eurocrates ont perdu depuis belle lurette le contact avec les réalités, et avec les peuples, qu’ils prétendent servir….. (à suivre…)
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“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”