Voici le texte intégral du très intéressant et très pertinent article écrit par Bernard Pascaud, dans le numéro 50 (mai/juin) de Restauration Nationale (http://www.restauration-nationale.asso.fr). L’abondance de l’actualité ne nous a pas permis, jusqu’à présent, d’en faire profiter ceux de nos lecteurs qui ne l’auraient pas encore lus: le « mal » est réparé…
Sous le titre « Il l’a dit: il n’est pas Roi. » Bernard Pascaud n’hésite pas à imaginer, avec bonheur, ce que pourrait dire le Président.
Il va ainsi au fond des choses, remonte aux sources, et se livre à une fine analyse: qu’on en juge….
« La façon dont Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la pêche, s’est adressé le 20 mai dernier aux pêcheurs inquiets de leur situation, mérite d’être retranscrite tant elle est emblématique d’un État qui fait un aveu d’impuissance: « Les mesures d’aide que je compte mettre en place sont suspendues à la décision de la Communauté Européenne. J’attends la réponse de Bruxelles d’une semaine à l’autre, d’un jour à l’autre, et même d’une heure à l’autre. Je ne peux rien faire sans cela. »
Peut-on mieux exprimer qu’en France la souveraineté se trouve hors-jeu ?
Dans ces conditions les bouts de ficelles institutionnels qui sont censés améliorer la Constitution ne peuvent intéresser que les carriéristes de la politique. Et, comme il se doit, le débat tourne au traditionnel duel majorité-opposition. En dépit des aspirations communes des deux camps et des discussions où ils furent associés, rien n’est moins sûr que l’aboutissement du projet, tant les préoccupations de rentabilité partisane et électorale conditionnent les positions.
La belle affaire qu’un Président soit limité à deux quinquennats si toute la capacité de sa puissance équivaut à s’aligner sur les directives de l’Union Européenne devenue variable d’ajustement de la mondialisation ? Ou que le Parlement ait la maîtrise de la moitié de l’ordre du jour quand la législation bruxelloise prévaut sur la nationale ?
La justification de la « modernisation » n’est qu’un leurre. Après avoir imposé aux français, notamment par le traité de Lisbonne, des dispositions qui affaiblissent encore la puissance de leur État, la proposition de quelques droits supplémentaires donnés aux citoyens et à l’opposition parlementaire est un gage démagogique qui se veut brevet de démocratie. Cette révision est dérisoire, car elle n’aborde pas les questions essentielles: la souveraineté et l’impartialité de l’État, la référence à la Nation française, la représentation réelle des français.
Une Nation comme la France n’est ni une réalité dépassée ni un concept obsolète. La fin de la Guerre froide, l’émergence de nouvelles puissances, la mondialisation, l’idéologie du marché, les menaces écologiques créent des situations nouvelles qui amènent notre pays, non au renoncement à lui-même ni à un repliement, mais à une réflexion de fond sur les institutions dont l’actuel débat n’est qu’une caricature. Même si la réforme aboutit dans ses grandes orientations, elle ne compensera pas les carences liées à l’absence d’un État vraiment national. C’est autour de cette réalité à ré-instituer que pourra se concevoir une réponse pertinente aux défis actuels. La coopération souhaitée entre États souverains peut-être un multiplicateur de puissance autrement efficace qu’une fédération technocratique subie. Ce numéro de Restauration Nationale sera distribué quand les irlandais auront fait connaître leur réponse à cete interrogation: non, les peuples ne veulent pas de l’Europe technocratique.
Lors de sa dernière émission de télévision en direct de l’Elysée Nicolas Sarkozy a cru bon de s’exprimer à deux reprises: « Je ne suis pas un roi ! » Entendez le vocable « roi » dans sa version mythologique révolutionnaire: un despote qui agit selon son seul bon plaisir ! Ce qui n’était ni très délicat à l’égard du Royaume-Uni d’où le couple présidentiel rentrait juste d’une visite en grandes pompes, ni très diplomatique à la veille de la présidence française de l’Union Européenne qui compte plusieurs monarchie vivantes ! Sans doute voulait-il neutraliser le thème de « la dérive monarchique » du pouvoir que maints journalistes et essayistes ont l’habitude de décliner à l’encontre de chaque président occupé à autre chose qu’à inaugurer les chrysanthèmes. Surtout quand il s’agit d’un super-actif comme l’est l’actuel Président !
S’il avait voulu être exact il aurait dû ajouter: « Je ne suis pas un roi ! J’occupe la place, mais je n’exercerai jamais la fonction. Je ne suis pas un souverain et je ne peux pas être un arbitre. On me dit hyper-président, mais je ne suis qu’un super premier ministre. Il n’y a pas de chef d’État. Je suis en pleine forme mais nos institutions qui ont presque mon âge sont, elles, de faible Constitution. Je déplore que le temps qu’on passe à durer on ne le passe pas à faire, mais je ne peux pas faire grand’chose et je ne durerai pas. Je ne fais que passer. En politique, le développement durable c’est la monarchie. Et il est vrai que je ne suis pas roi ! Est-ce pour cela qu’on m’aime de moins en moins ? »
Ce sont des considérations de cette sorte qui constitueraient une rupture avec la régression de la pensée politique en France. Il est clair que les réformes successives de la Constitution ont été un travail de plâtrier pour dissimuler des lézardes de plus en plus dangereuses. On attend un grand architecte, à la fois audacieux et fidèle à la tradition du bon goût, qui pourrait faire une oeuvre de solide restauration…nationale.
Marc Vergier sur 2024 : Le taureau par la…
“Cher Pierre Builly, vos remarques sont toujours les bienvenues. Je ne garde pas la même impression…”