On a parlé un peu partout de la cérémonie d’ouverture des Jeux. Nous nous en tiendrons ici à la leçon politique que l’on peut en tirer, car on peut en tirer une, à l’évidence, et elle ne sera pas peu surprenante pour certains…..
Car en fait, au-delà de l’esthétisme, de la magnificence, de l’impression de force et de maîtrise qui se sont dégagées de cette grandiose cérémonie, qu’est-ce qui était au final le plus frappant, le plus évident (on pourrait même dire « aveuglant »…) ? C’est très simple, et c’est énorme : dans ce pays officiellement marxiste-léniniste tout reste à l’évidence aux ordres du pouvoir communiste, comme hier à Moscou et dans son empire européen ; la dictature est toujours là, et bien là, il ne faut pas rêver, ni prendre ses désirs pour des réalités. Il faudra encore un peu de temps pour que la monstrueuse et barbare tyrannie s’effondre, comme elle s’est effondrée ailleurs ; et, d’ici là, il ne fera pas tous les jours bon vivre au paradis des travailleurs, tout n’y sera pas rose tous les jours et, comme on le dit familièrement, on sera mieux chez nous….
Bon, mais la leçon ? La voici. Qu’a-t-on vu ce soir-là ? Une apologie de la révolution marxiste léniniste ? Une histoire officielle et idéalisée du Grand Timonier, celui que Giscard d’Estaing –perdant une bonne occasion de se taire- avait cru devoir comparer, le jour de la mort de Mao, à « un phare de l’humanité », ne craignant pour l’occasion ni le ridicule ni l’odieux (il y a des jours, comme cela, où certains feraient mieux, comme on dit, de tourner sept fois leur langue dans leur bouche avant de parler…) ? Une invasion de Gardes Rouges, brandissant chacun son « Petit livre rouge » et retraçant les étapes de cet effarant Grand Bond en Arrière que fut en réalité ce que l’encore omniprésente police politique essaye de présenter –contre toute les apparences- comme le « grand bond en avant » de l’histoire officielle, toujours officiellement en vigueur ?….
Eh bien, non. Non seulement on n’a rien vu de tout cela (et c’est d’ailleurs, évidemment, tant mieux…) mais on a vu un Peuple. Un Peuple qui a cinq mille ans d’Histoire, qui a une conscience forte de ces cinq mille ans d’Histoire, et qui en est fier et heureux, et qui connaît et cultive ses Racines. Un Peuple qui, sans aucun complexe, est Patriote et Nationaliste. On est bien loin, là, on en conviendra, de tout ce qui est révolutionnaire ; de cette funeste et stupide théorie de « la table rase » qui règne chez nous, imposée –fort logiquement d’ailleurs, puisqu’elle est au pouvoir et qu’elle dirige…- par une république qui se veut l’héritière directe de la révolution idéologique de 1789/1793.
Nous l’avons souvent dit et écrit : si la révolution-fait est évidemment terminée depuis bien longtemps chez nous, la révolution-idée est toujours au pouvoir à Paris, elle est toujours à l’œuvre, hélas, chez nous. Par contre, on voit bien qu’en Russsie la page est tournée (on a canonisé la famille Impériale !…. chose grandiose mais aussi simplement normale, qu’il faudra bien, un jour, faire chez nous aussi….). Et on voit bien qu’en Chine ( et c’est la leçon dont nous parlions au début ) l’Empire du Milieu, la grande Chine éternelle, est en train de boire le marxisme, exactement comme le buvard boit l’encre
Avec beaucoup de plaisir pour eux, mais avec un peu de tristesse et de lassitude pour nous, nous nous demandons quand viendra, enfin, notre tour. Et quand, après que la vague ait reflué à Moscou et dans son empire ; à Pékin (entraînant forcément les derniers satellites : Vietnam et autres…) ; quand la vague refluera-t-elle enfin chez nous aussi, libérant le cœur d’où tout est parti, libérant les esprits à Paris, et permettant à la France –comme le font la Russie et la Chine- de replonger dans son Passé millénaire et de continuer son Histoire (pour reprendre le titre d’un des derniers ouvrages d’Hubert Védrine…)
Et notre combat ne s’arrêtera donc que lorsque, à l’instar de la Russie –où c’est fait- et de la Chine –où c’est en cours, même s’il faut attendre encore un peu…- la Révolution aura été là aussi absorbée par le buvard…..
Que vaut le « droitdel’homisme » d’un Cohn Bendit et celui des « Bobo » parisiens, face à ça?
Aujourd’hui je suis fier d’être chinois.