Paul-François Paoli a publié récemment une intelligente défense de Sylvain Gouguenheim, et revient sur une fort bonne question ( « la » bonne question ?…) :
« …Cet homme n’imaginait pas qu’il y ait encore en France une police de la pensée…
Tout allait bien pour lui jusqu’au jour où il s’est piqué de se mêler d’une question hautement sensible : celle, fameuse, de «l’Islam des Lumières». En un mot : entre le IXème et le XIIème siècle, cette civilisation aurait constitué, notamment avec Averroès, un modèle de tolérance et de curiosité intellectuelle, pendant que l’Occident subissait le joug d’une Église obscurantiste et de croisés barbares…
Dans Aristote au Mont-Saint-Michel, publié fin mars, il prétend montrer que, si Averroès a bien été le grand commentateur d’Aristote que l’on sait, il n’a été ni le seul ni le premier. Une autre «filière» a existé qui via Byzance et la Sicile et jusqu’au Mont-Saint-Michel où se trouvait un atelier de copistes au XIIème siècle a transmis l’œuvre du philosophe à travers un autre canal de traductions.
Il affirme aussi que, dans le monde musulman, les penseurs grecs traduits en arabe l’ont été, avant tout, par des chrétiens, syriaques notamment. Il rappelle, comme d’autres l’ont fait avant lui, notamment les historiens Pierre Riché ou Jacques Heers, que le «Moyen Âge» occidental n’est pas cet âge sombre que certains se sont complus à dépeindre. La Renaissance a été précédée d’une «renaissance carolingienne» où l’influence de la pensée grecque était déjà significative.
Enfin, il formule une question cruciale : pourquoi les Arabes qui ont eu accès à l’héritage grec n’en ont-ils pas fait le même usage que les Européens ?… »
C’est bien là « le » problème, « la » question…
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