Nous avons évoqué les scènes de guérrilla urbaine qui se sont produites récemment à Romans.
Voici la retranscription intégrale de l’article que Luc Bronner a consacré, dans Le Monde du 1° Octobre, à ces actes inqualifiables et inquiétants.
Cet article présente un double intérêt. Il a d’abord le mérite de dire, sans fards, la vérité vraie sur ce qui s’est passé. Mais aussi, venant d’un journaliste et d’un journal que l’on ne pourra pas suspecter d’adhérer sans réserve à nos thèses, il montre bien qu’il ne s’agit pas pour nous de lubie ou d’éxagération lorsque nous dénonçons, sans relâche, l’inquiétante banalisation de la violence et de la délinquance; et son acceptation de fait par les autorités du Pays Légal.
Celles-ci ne savent plus comment se dépêtrer d’une situation qu’elles ont elles-même follement créée. Il importe de remonter aux causes, aux sources de la situation cauchemardesque dans laquelle nous nous trouvons et qui, à n’en pas douter, ne fera malheureusement qu’empirer et se dégrader encore, chaque jour un peu plus : il faut pointer la responsabilité de Jacques Chirac et de ses décrets de 1975.
Il faut en revenir à cette politique voulue et menée d’une façon solitaire – un fait du prince, donc…- par un Chirac qui s’est bien gardé de demander, à aucun moment, son avis à un Peuple pourtant réputé Souverain ! Ce qui rend cette politique légale, peut-être, mais pas forcément légitime. Et nous nous estimons donc fondés à la dénoncer, en tant que telle……
Place donc au journaliste, qui raconte les lendemains qui déchantent de cette folle politique, suicidaire et mortifère. Et, encore une fois, ce qui va être dit, ce n’est pas nous qui le disons…..
A Romans, un déploiement policier inédit a contenu des jeunes encouragés à « brûler tout », par Luc Bronner.
Seul un déploiement massif de forces de l’ordre a empêché une nouvelle explosion de violence dans le quartier de la Monnaie, classé « sensible », à Romans-sur-Isère, commune de 32 000 habitants au nord de la Drôme. Des dizaines de policiers, venus des Bouches-du-Rhône, de l’Isère, du Vaucluse, de la Loire et du Rhône, ont sillonné les rues de la cité, dans la nuit de mardi à mercredi 1er octobre, pour « saturer le terrain », selon le jargon policier, et empêcher les jeunes de se rassembler. Deux barrages, tenus par des gendarmes en tenue anti-émeute, ont été installés sur les axes principaux de ce quartier de 5 000 habitants, sous tension depuis la mort d’un adolescent de 16 ans, tué lundi matin très tôt dans un accident de voiture à l’issue d’une course-poursuite avec la police.
Ce dispositif « renforcé » a été décidé par le préfet au vu des violences de la nuit précédente. Pendant quatre heures, plusieurs dizaines de jeunes avaient affronté les forces de l’ordre, visées par des jets de pierres et même des coups de feu, probablement tirés avec un fusil de chasse. Les policiers, appuyés par un hélicoptère, avaient répliqué par des tirs de flash-balls et de grenades lacrymogènes. Quatre voitures, un commerce, des scooters et une vingtaine de poubelles avaient été incendiés.
Après une matinée relativement calme, les tensions avaient à nouveau crû dans l’après-midi de mardi. A l’issue d’une marche silencieuse, une centaine d’habitants se sont rendus devant le centre social pour accompagner une délégation reçue par le maire, Henri Bertholet (PS). L’élu, insulté à plusieurs reprises, tente alors de prendre la parole sur le perron mais doit faire face à une foule très hostile. « Il faut entendre le message du papa d’Ilies qui dit que si on fait des bêtises ce sera encore du malheur supplémentaire », réussit toutefois à déclarer le maire.
Un peu plus tard, les proches de la famille ressortent furieuses de leur rencontre à huis-clos avec l’équipe municipale. En larmes, une jeune femme s’adresse aux dizaines de jeunes, survoltés : « Il voulait qu’on vous calme. Moi, je vous dis : brûlez tout ». Des acclamations accueillent ces déclarations et les jeunes se dispersent, par petits groupes, en promettant une nuit de feu aux forces de l’ordre. Une poignée d’entre eux partent en criant : « Allah Akbar, Allah Akbar ! » « Ça va brûler, explique un des leaders du groupe entouré par une nuée d adolescents qui l’écoutent avec respect. Il y en a marre que nos petits frères meurent dans nos quartiers. Vous avez dominé nos parents. Nous, on est la troisième génération et on va ouvrir notre gueule ».
Le visage décomposé, un élu tente de renouer le dialogue. Peine perdue. « Le seul soutien qu’on pourrait avoir, ce sont les mères. Mais même parmi elles, il y en a qui sont trop en colère », se désole Maurice Crouzet, adjoint aux questions sociales. Dans son bureau, une heure plus tard, le maire peine à se remettre de la discussion avortée : « Le dialogue est très compliqué. Pourquoi en arrive-t-on à cette rupture ? Pourquoi toute autorité est suspecte ? », s’interroge-t-il en se disant très inquiet. Car, dans le quartier, personne ne croit à la version donnée par les pouvoirs publics sur les conditions de l’accident. « Tant qu’il n’y a pas d’enquête sérieuse, ce sera la guerre », affirme le même « grand frère » à l’unisson de ses camarades.
« ON EST TOUS AU CHÔMAGE »
Selon les policiers, la brigade anti-criminalité (BAC) a pris en chasse le véhicule, une décapotable rouge, après s’être rendue compte qu’il était volé. Le conducteur aurait alors cherché à prendre la fuite en roulant à très vive allure. Dans une courbe, après un dos d’âne, il aurait perdu le contrôle de la voiture et se serait encastré dans un mur. Le chauffeur est décédé sur le coup. Les quatre autres occupants, également mineurs, ont été blessés, dont un très grièvement.
La police affirme qu’au moment du choc la BAC ne se trouvait pas à proximité immédiate du véhicule volé. « Aucune faute n’a été commise par les fonctionnaires. Il n’y a donc pas lieu de jeter le discrédit sur les policiers », a déclaré, lundi, le procureur de la République, Jean-Pierre Nahon, au Dauphiné Libéré – une phrase vivement critiquée dans le quartier parce que jugée trop définitive. Le parquet a toutefois demandé une enquête à l’inspection générale de la police nationale (IGPN).
Les habitants qui s’expriment sont convaincus que les policiers ont cherché à provoquer l’accident. « Les flics collaient les jeunes. Ils savaient très bien que c’étaient des mineurs et qu’ils savaient pas bien conduire », relate un habitant en demandant l’anonymat. Yassine B., qui réside dans un immeuble à proximité du lieu de l’accident déclare, lui, avoir vu, juste avant le choc, la voiture de police « dix à trente mètres » derrière la voiture poursuivie. Quelques-uns, dans la cité, émettent même l’hypothèse d’un coup de pare-choc qui aurait déséquilibré le véhicule volé.
Plus largement, les habitants font état de rapports dégradés avec les policiers. Et d’un fort ressentiment vis-à-vis de la société et des pouvoirs publics – dont témoignent aussi bien les jeunes que les plus anciens. « On nous traite comme des chiens. On est tous au chômage, on n’a pas d’argent et on nous regarde comme des étrangers », explique un père de famille.
Pendant les émeutes de 2005, le quartier, considéré comme un des plus pauvres de la région Rhône-Alpes, n’avait pas connu d’incidents majeurs. Sauf dans les derniers jours : des jeunes, décrits comme « paumés », avaient partiellement incendié l’église située au centre de la cité, provoquant de vives réactions, y compris du chef de l’Etat, Jacques Chirac.
Marc Vergier sur 2024 : Le taureau par la…
“Cher Pierre Builly, vos remarques sont toujours les bienvenues. Je ne garde pas la même impression…”