Malheureusement – aurait-on envie de dire…- l’actualité s’est chargée d’apporter une triste et pénible confirmation aux propos de Jean-Marie Tuquoi; et d’enrichir en quelque sorte son argumentaire: par un de ces téléscopages d’informations auxquels on assiste parfois, on apprenait en effet, deux jours après la parution de l’article du Monde que la vérité venait d’éclater sur l’affaire Dieuleveult…..
A dire la vérité, nous n’aurions pas pensé parler de cette affaire Dieuleveult dans un blog politique, mais elle vient si parfaitement illustrer la véracité des propos de l’un (Tuquoi) et l’inanité des thèses de l’autre (Ziegler) que son évocation nous a paru s’imposer d’elle-même.
Cette triste affaire met en effet bien en évidence le rôle de ces dictateurs féroces, de ces despotes fous et cruels qui sévissent en Afrique depuis des décennies, sans que l’occident et les peuples blancs en soient le moins du monde responsable. Ces dictateurs et despotes ont, au contraire, capté à leur profit presque exclusif une manne colossale de milliards et de milliards qui ont été versés pendant un demi siècle en Afrique, précisément par les peuples développés qu’accuse tant monsieur Ziegler.
De très sérieux doutes existaient depuis des années à propos de cette version, et de nouveaux documents, révélés par le magazine XXI, la mettent à mal en montrant le rôle joué dans cette disparition par les autorités zaïroises. Dans une enquête au long cours, intitulée Les crocodiles du Zaïre, la journaliste Anna Miquel révèle que le 8 août 1985, deux jours après la disparition officielle des sept membres de l’expédition Africa Raft dans les rapides d’Inga, Philippe de Dieuleveult était interrogé à Kinshasa par un commandant de la « Division spéciale présidentielle », la garde personnelle de l’ex-dictateur Mobutu Sese Seko (lui même et les membres de l’expédition étant accusés d’espionnage…).
Un procès-verbal de cet interrogatoire s’ouvre par ces mots : « L’an mille neuf cent quatre vingt cinq, le huitième jour du mois d’août, a été entendu le prévenu Philippe Dieuleveult ». Le PV, sur papier à en-tête de la DSP portant la mention « pro-Justicia », est estampillé d’un tampon « République du Zaïre » et porte deux signatures : celle du « major K. », « chef d’opérations » et celle du « comparant » Philippe de Dieuleveult, qui a été authentifiée pour XXI par son frère Jean.
Anne Miquel a obtenu, lors de plusieurs séjours dans la capitale de la République démocratique du Congo, des témoignages concordants faisant état de l’exécution par la DSP, après interrogatoires, des membres de l’expédition, qui auraient été interceptés lors de leur descente du fleuve pour avoir été soupçonnés d’être des espions ou des mercenaires.
Exécutés « comme ça », par le « fait du prince », le prince étant en l’ocurrence un de ces multiples potentats africains qui ont pillé leur continent, leurs pays et leurs peuples pendant des années, des décennies. Curieusement Jean Ziegler ne dit pas un mot de tout cela, de tous ceux-là. Car ici on parle du Zaïre,, mais que dire d’autres pays où le despotisme cruel des dictateurs locaux s’est illustré par des actes inqualifiables de terreur et de rapacité inouïes ?
Jean Ziegler est bien gentil de prétendre que les peuples d’Afrique sont « fondés à demander des comptes à l’occident » : pour les crimes de Mobutu, par exemple ?….
Philippe de Dieuleveult était, au dire de certains de ses proches, membre des services secrets français.
Etait-il en mission lors de sa capture? Si la réponse est oui, celà « relativise » les conditions de sa disparition. En effet, la guerre de l’ombre que se livrent les services secrets de tous les pays du monde est impitoyable et …… secrète.