Il s’agit bien évidemment pour nous, avec cette formulation volontairement surprenante, de provoquer; pas de provoquer en soi, bien sûr, mais de provoquer le débat.
On sait que nous avons souvent approuvé, et défendu Xavier Darcos, dans ces colonnes. Nous n’en sommes que plus à l’aise pour prendre du recul par rapport à sa proposition de réforme des lycées; et pour la juger non pas en tant que telle, mais en fonction de l’état général de notre enseignement…..
En effet, ce qui nous paraît important, vu l’état calamiteux de notre Education nationale, ce n’est pas de faire une réforme technique de plus. C’est de reprendre l’Education, pour paraphraser notre cher Pierre Boutang, et son « Reprendre le Pouvoir »….
On ne discutera donc pas ici du bien fondé de tel ou tel point de cette réforme, ni du reste de cette réforme en tant que telle. Pour la simple et bonne raison qu’à notre très humble avis notre Education nationale, telle qu’elle est aujourd’hui, est moribonde; elle n’est plus à réformer, elle est tout simplement à reconstruire, à ré-inventer, à reprendre, et de fond en comble.
Entendons nous bien : Xavier Darcos est dans son rôle, en proposant ce qu’il propose, et il fait ce qu’il peut; il fait même de son mieux. Certaines des mesures qu’il propose vont d’ailleurs dans la bon sens, et même la plupart pourrait-on dire. Mais la machine est usée, elle est à bout de souffle. Elle n’est plus réparable. Il faut non pas en changer, mais lachanger en la re-pensant.
Il en est d’elle comme de ces voitures qui ont fait leur temps, ou de ces appareils électro-ménagers dont, après de fort nombreuses années d’usage et de réparations, on finit par dire un jour que cela ne vaut plus le coup de les réparer.
C’est d’abord sur ses bases mêmes qu’il faut réfléchir : une Ecole pour quoi faire, certes; mais aussi et surtout une Ecole pour qui ?
La folie des folies, celle qui a achevé de tout détruire en s’ajoutant aux dérives et aux délires des illusions idéologiques socialisantes et marxisantes mises en ouvre méthodiquement depuis les années 40, ce fut d’imaginer qu’il fallait que tout le monde aille à l’école très tard, et y reste le plus longtemps possible. Ce qui revenait, de fait, à dévaloriser toute formation dite professionnelle, c’est à dire, en gros, tout ce qui était catalogué manuel, donc inférieur. On ne l’a jamais dit explicitement, pour ne pas choquer, mais dans la pratique, la politique scolaire revenait bel et bien à rabaisser et dévaloriser tout ce qui allait de l’apprentissage jusqu’au technique et au professionnel.
On a donc gonflé les collèges et les lycées, et à cette explosion démentielle du nombre d’élèves a bien évidemment correspondu une explosion – parallèle et tout aussi démentielle… – des dépenses -en fait des gaspillages…- affectées au Ministère de l’Education.
On peut estimer entre 30 et 50 %, selon les cas, la proportion d’élèves qui ne sont pas demandeurs, qui n’ont ni les moyens ni le goût de faire des études « abstraites » ou théoriques longues. Et qui, de toutes façons et quoi qu’on fasse, sortiront du système « sans rien », sans aucune formation ( déformés au contraire… ) après y avoir perdu leurs meilleures années, direction l’ANPE.
C’est quand on pose le problème comme il se pose, c’est-à-dire qu’on voit le choses comme elles sont, qu’on se dit que la réforme de Xavier Darcos, tant qu’on continuera à marcher sur la tête…..
Henri sur Journal de l’année 14 de Jacques…
“D’abord nous remercions chaleureusement le Prince Jean de ses vœux pour notre pays et de répondre…”