André Santini persiste et signe. Et c’est une bonne nouvelle. Nous avions approuvé dans ces colonnes sa lucidité, sa franchise et sa réelle volonté de faire bouger les choses, en osant s’attaquer de front au problème des problèmes : la sur-administration; et en commençant, même modestement, à réduire les effectifs…..
Oui mais voilà. Si nous maintenons l’intégralité de nos propos sur la personne et sur sa politique, nous ne pouvons qu’être circonspects à la lecture des dernières dépêches d’agence. André Santini y déclare tout net : « De manière concrète, 30.600 suppressions sont prévues, c’est-à-dire un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Tout cela se fera au niveau de l’Etat. On ne touche pas aux collectivités territoriales ni à la Fonction hospitalière ».
Mais, justement, c’est là que le bât blesse ! A quoi sert-il de réduire les effectifs au niveau de l’Etat (chose éminemment positive) si on les laisse filer aux niveaux des Communes, des Départements, des Régions ? Peut-on être rigoureux et sensé au sommet de l’Etat, et laxiste et insensé à la base et dans les échelons intermédiaires ?
L’argent stérilisé et gaspillé dans ces échelons manquera toujours ailleurs, dans l’Economie nationale. Et sera toujours synonyme pour les français d’impôts de plus en plus élevés, frisant l’insupportable. Où est la logique ?
A moins que, dans sa franchise, André Santini ne dise en fait entre les lignes ce qu’il ne peut pas dire tout net : à savoir que le Pays Légal ne contrôle plus la machine, qu’il peut à peine essayer de faire quelque chose au niveau national (et encore, bien lentement…) mais que pour le reste la machine est devenue folle, qu’elle s’est emballée et que l’Etat républicain ne veut pas ou ne peut pas y remédier.
La preuve en est donnée, hors toute polémique et bien loin de tout esprit partisan de notre côté, par ces chiffres que l’on trouve partout : « Les dépenses publiques locales ont représenté 212 milliards d’euros en 2007. C’est 20% du total des dépenses publiques (991 milliards d’euros). Elles ont été multipliées par deux en vingt ans, alors que le PIB l’a été seulement par 1,5. Quant à la Fonction publique locale, elle a augmenté de 51% alors que l’ensemble des administrations augmentait de 17%. Un rythme explosif. En tête des augmentations, les Régions ont le carton rouge avec + 92% d’effectifs. Suivent les Intercommunalités avec + 89% et les Départements avec + 42% » (1).
Est-il besoin d’ajouter un commentaire ? On a donc envie d’approuver la bonne volonté d’un ministre qui essaye de faire ce qu’il peut (ce n’est déjà pas si mal…). Mais on ne peut que se poser cette question : la République est-elle réformable ? Et son corollaire : Sommes-nous en 1789 ?…..
(1) : Chiffres et analyse d’Agnès Verdier-Molinié (vice-présidente de l’Ifrap, Institut Français pour la recherche sur les Administrations et les Politiques Publiques), et Sandrine Gorreri (directrice de rédaction de Société Civile, le mensuel de l’Ifrap).
Tout ça n’est que de la poudre jetée aux yeux des gogos que nous sommes. En fait, l’Etat transfère une partie de ses compétences vers les collectivités locales sans transférer les moyens (les 30.000 fonctionnaires non renouvelés).
En contrepartie, les collectivités locales, déjà bien pourvues par ailleurs, prétextant un manque de moyen embauchent à tour de bras.
Bilan de cette manipulation : un jeu à somme nulle pour le contribuable, ou l’art et la manière de prendre les gens pour des cons.