L’abondance de l’actualité, comme on dit, a relégué presque au second plan la remise par Luc Ferry du rapport que lui avait demandé le Président au sujet du Service Civique.
L’ancien ministre de l’Education prend très nettement parti contre un tel Service Civique. Et nous pensons qu’il a mille fois raison…
On sait que la création d’un tel Service, demandée par de nombreuses personnes dans l’entourage du Chef de l’Etat, était sinon une promesse tout à fait formelle de Nicolas Sarkozy, du moins un thème assez souvent présent dans ses discours pour que l’on puisse le considérer comme important à ses yeux. Or Luc Ferry n’hésite pas à briser le tabou : un éventuel Service, Civique ou autre, ne pourrait être, de toutes façons, que volontaire affirme-t-il…
Mais, plus encore que le résultat auquel sa réflexion l’a amené, ce qui nous a paru intéressant dans l’analyse de Luc Ferry ce sont ses motivations, et la manière dont il a mené sa réflexion. Il est tout simplement parti de la simple observation du réel, sans idées préconcues; et cela mérite d’être souligné, et salué.
« …Au fil de nos analyses, nous nous sommes rendu compte que l’on ne pouvait pas valoriser quelqu’un pour ce qu’on l’oblige à faire. Privilégier une politique autoritaire pour maintenir un lien entre les jeunes et l’État serait donc mettre le pied sur un énorme râteau. Le modèle du service civique par la contrainte, dont l’objectif est de «recadrer» les jeunes, de favoriser le creuset républicain et la mixité sociale, se heurte à un problème de taille : trouver, chaque année, 700 000 postes – dans des associations, par exemple – au sein desquelles les candidats rempliraient des missions d’intérêt général. Le coût serait par ailleurs très élevé : entre 3 et 5 milliards d’euros. Dans un premier temps, mieux vaut donc privilégier le volontariat et l’engagement spontané, auxquels les structures prêtes à accueillir des jeunes attachent une importance considérable…. »
Encore Luc Ferry emploie-t-il, et il a raison, un vocabulaire et un ton assez académique et officiel. On pourrait, d’une façon plus polémique mais aussi plus proche du réel, rappeler aux nostalgiques du bon vieux service militaire les défauts et les tares que celui-ci avait accummulés au fil des décennies; et l’inconséquence profonde qu’il y aurait, après l’avoir supprimé, à le remplacer par une sorte d’ersatz, aux contours mal définis.
Et qui serait une telle usine à gaz à installer, qui susciterait un tel tollé dans les tranches d’âge concernées, qu’il vaut beaucoup mieux, comme le recommande sagement Luc Ferry, privilégier le volontariat à la contrainte. Il est pragmatique et réaliste sur ce point, et il a bien raison….
Cincinnatus sur Une initiative papale qui, curieusement, arrive…
“Nous ne sommes pas capables en France d’une révolution de velours, nous sommes incapables de faire…”