Après tout, s’il le pense, il a bien raison de le dire. Patrick Besson livre un « plateau télé » vengeur contre Philippe Val (1), dans lequel il exprime son ras-le-bol face à l’insupportable contradiction entre le comportement du personnage et ses propos; c’est très bien vu, et nous partageons tout à fait cette analyse : Val hait, sous-titrée Philippe Val défend la liberté de penser… comme lui.
Nous ajouterons notre petit grain de sel, dans le sens de Patrick Besson, après le texte, que voici :
Val hait. Philippe Val défend la liberté de penser… comme lui.
C’est le défenseur maigre des droits de l’homme gras: l’Occidental qui mange à sa faim de justice. Depuis le temps que Philippe Val erre, sombre et famélique, dans les couloirs des radios et des télés, la bonne parole haineuse à la bouche. Il s’est autoproclamé arbitre des élégances politiques dans le système policier de la pensée. La fameuse vigilance. Du mot vigile. Where are you, Pierre Overney ? Val écrit mal, mais ce n’est pas de sa faute : à la place du stylo, il a pris une règle. Il tire des traits, mais ce ne sont pas ceux d’Achille dans l’Iliade, plutôt ceux de Bouvard dans les cahiers de Pécuchet. Il a transformé Charlie Hebdo en nouveau dictionnaire des idées reçues. Encore Flaubert. Qui lui aurait bien taillé un short.
Philippe Val est contre tous les fanatismes sauf un : le sien. Son bâton de maréchal, il l’a obtenu des mains de toute la médiacratie bouleversée, au moment de son procès contre les organisations islamiques qui lui reprochaient d’avoir fait paraître les fameuses caricatures de Mahomet. Il y a même eu un film. Val grimpant les marches du palais de justice. L’intensité du regard moral. C’était presque le christ au Mont des Oliviers. Jean Moulin face aux tortionnaires de la Gestapo. Au Festival de Cannes, idem. Dans son derniers livre, qu’il présente ces jours-ci sur toutes les chaînes de télé, il défend, une fois de plus, avec cette véhémence glacée qui laisse les interviewers béats et soumis, la liberté de penser comme lui. On sent bien que, tout en répondant aux questions suaves des journalistes, il guette, autour de lui sur le plateau, voire en régie, la moindre déviance, la plus vague dérive par rapport à la pensée valienne. Et qu’il est prêt à la dénoncer immédiatement à cor et à cri, même si ça doit emmerder le tribunal des prud’hommes ».
Ajoutons maintenant notre grain de sel. Patrick Besson met le doigt sur le vrai problème. En fait, et c’est bien ce qui est exaspérant chez lui et chez ceux qui font comme lui, Philippe Val est ce que l’on pourrait appeler un adversaire/pratiquant de l’infaillibilité pontificale. Très ardent pourfendeur de l’Eglise en général, du pape en particulier, il n’a pas de mots assez durs pour dénoncer l’obscurantisme et le côté rétrograde de la prétention à l’infaillibilité.
Sauf que, et c’est là que tout devient savoureux, c’est pour, dans la pratique et par un assez extraordinaire tour de passe-passe, se faire le praticien le plus zélé et le plus constant de la dite- infaillibilté; et s’octroyer généreusement à lui-même – mais à lui-même seulement – cette infaillibilité qu’il refuse catégoriquement au Pape de Rome.
En somme, il est comme Michel Onfray, Philippe Val : il est un Vatican à lui tout seul !…
(1) : Le Figaro Magazine du 29 novembre 2008.
VERDU sur Éloquence : Tanguy à la tribune,…
“Il est bon !!”