On ne parlera pas ici du film Mesrine, l’ennemi public numéro Un en tant que tel; et on ne cherchera en aucune façon à en proposer une quelconque critique, ni de près ni de loin. On s’intéressera juste à cette drôle de maladie, dans laquelle s’inscrit ce film, et qui consiste à présenter au public presque comme des héros des gens qui se sont malgré tout mis en marge des lois et qui ont fait le choix délibéré de la violence, quoi qu’ils en disent.
Cette sorte de fascination morbide pour des violents est en effet vraiment étrange; car, quoi qu’en dise et quoi qu’en pense un certain microcosme, ce sont bien des voyous, même si leur personnalité est complexe, comme c’est le cas avec Mesrine.
Et le fait que Vincent Cassel, l’une des coqueluches de cette intelligentsia parisienne si politiquement correcte l’ait joué avec une délectation si évidente laisse rêveur.
La vraie question que pose ce film en fait est : une société peut-elle tenir et durer, être tout simplement viable, si l’on met sur le même plan voyous et défenseurs de l’ordre ? Et, pire encore, si les héros offerts au public ne sont pas ces derniers mais les délinquants et les marginaux ?
C’est ce qu’a dit à sa façon et avec ses mots l’ancien « grand flic » Robert Broussard, le « tombeur » de Jacques Mesrine en 1979, mettant en cause le film réalisé sur le truand, et dénonçant le manque de réaction des pouvoirs publics. Dans un entretien à l’Express, l’ancien policier a affirmé que les faits sur la mort de Mesrine, rapportés par le film, « sont présentés de façon mensongère et partisane sans que cela ne suscite de réactions du côté des pouvoirs publics ».
« Au delà de ma seule personne c’est la police dans son ensemble qui est salie » et de « nombreux anciens collègues … m’ont fait part de leur ras-le-bol… De ce point de vue, nous ne pouvons que regretter le silence radio du ministère de l’Intérieur », a-t-il ajouté.
Il a rappellé que la Cour de cassation, le 6 octobre 2006, a estimé « de façon définitive » que les policiers étaient en « légitime défense » quand Mesrine a été abattu par ses hommes à Paris, et a de nouveau fermement contesté qu’un « coup de grâce » eut été porté à Mesrine par un policier, d’une balle dans la tête comme le montre le film, une « invention », de la « diffamation », selon lui.
Que Vincent Cassel « joue », c’est normal, c’est son métier d’acteur. Mais à quoi joue-t-il en semblant parer de bien des vertus le personnage qu’il incarne ? Comme le dit Cervantès « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es »…
Mesrine était un gangster qui méritait de mourir.
Mais, voir ci-dessus la tronche rigolarde de Broussard, satisfait d’avoir fait abattre Mesrine sans sommation après lui avoir tendu un piège, est d’une bassesse parfaitement insupportable.