Patrick Devedjian est pour l’ouverture des magasins le dimanche; c’est son droit, et nous ne le lui reprochons bien sûr pas. Ce qui nous a par contre surpris, et pour tout dire amusé, c’est la façon qu’il a eue de défendre sa position -sur Canal +, le mercredi 3 au matin- et l’argument (!) qu’il a cru devoir employer…..
Il a choisi le ton de l’ironie et du sarcasme : « Les chrétiens honorent le dimanche, les juifs le samedi, les musulmans le vendredi, si les bouddhistes s’y mettent, il va pas rester grand chose ! »….. « Je croyais que nous étions dans une république laïque »…...
En somme, tout se vaut, tout le monde est sur le même pied d’égalité, toute coutume ou habitude collective en vaut une autre. Il n’y a aucune différence entre ceux qui sont là depuis… (excusez-nous d’exister !…) et les nouveaux venus, arrivés hier. Du moins dans un seul pays au monde : le nôtre, ici en France. Parce que tous les autres pays du monde défendent leur façon d’être et de vivre, leur identité, et il ferait beau voir qu’on aille seulement exprimer l’hypothèse de travailler le vendredi en Arabie Saoudite : les sabres n’y sont pas faits pour les chiens…. Or ce n’est pas parce que la Pays Légal a fait entrer dix millions de nouveaux depuis 1975, par une politique peut-être légale mais pas dorcément légitime, que les français d’origine (nous y reviendrons, car cette notion reste évidemment à préciser…) n’ont plus le droit de vivre comme on l’a toujours fait chez nous…..
On a connu Patrick Devedjian mieux inspiré, et avec de meilleures munitions -si l’on peut dire- que ce pauvre argument, qui précisément n’en est pas un. Il nous semble porter le même regard erroné sur la France que Michel Boyon, et donc mériter le même reproche que lui (1).
Devedjian – comme Boyon- feint de prendre la France pour un pays quelconque, inodore, incolore et sans saveur; pour un pays absolument comparable à n’importe quel autre pays sur terre; et totalement interchangeable avec n’importe lequel; sans passé, sans spécificité(s), sans Histoire, sans Tradition(s); une sorte de carré géométrique (pas une Patrie charnelle); regroupant des sortes de pions (pas des personnes, ayant une histoire et venant de quelque part); que l’on gère, comme des choses et des objets, mais dans la gestion desquels n’entre absolument aucune idée de civilisation, d’héritage, de culture, de moral, bref d’esprit….
Or il se trompe, sur ce point, monsieur Devedjian. Comme se trompe monsieur Boyon. La France n’est pas un pays de nulle part, situé nulle part, venu d’on ne sait où, sans attaches et sans souvenirs; La France est au contraire un pays né et bâti sur des fondations chrétiennes, dans un continent chrétien. Elle ne le sera peut-être plus dans mille ans, ou cinq cents ans, ou même cent ans, si la république continue à changer le peuple et à dé-naturer le pays à cette vitesse, et si nous ne réagissons pas. Mais, pour l’instant, la France l’est encore, chrétienne, dans son héritage et ses fondamentaux. Comme l’Europe.
Et donc chez nous, ici, en France et en Europe, on chôme le dimanche parce que c’est notre tradition commune à tous, tradition chrétienne d’un continent chrétien. Que les pays musulmans, de tradition et de culture islamique, chôment le vendredi, et qu’Israël chôme le samedi, cela n’a rien pour nous déplaire ou nous choquer et, du reste, cela ne nous regarde pas. Nous, nous chômons le dimanche parce que c’est notre héritage et notre façon de faire, depuis belle lurette.
Cela ne veut pas dire que nous jugeons cette tradition, cette coutume, cette façon de faire, supérieure -ou inférieure- aux autres; cela veut simplement dire que nous la constatons, c’est tout. A la différence des déracinés (comme dirait Barrés) ou des non enracinés, nous ne sommes pas des zombis, venus de nulle part, allant nulle part, sans héritage, sans culture, sans capital transmis (comme disait Maurras); ce capital transmis qui est la définition même de la Civilisation; qui est en quelque sorte notre épine dorsale.
Si certains n’en n’ont pas, ou n’en veulent pas, d’épine dorsale, libre à eux. S’ils veulent ressembler plus à un mollusque tout mou qu’à un héritiier debout, libre à eux. Mais qu’ils ne prennent pas leur cas pour une généralité. Et que monsieur Devedjian ne raisonne pas comme s’il n’y avait, en France, que des mollusques tout mous….
Bref, monsieur Devedjian est bien gentil, mais lorsqu’il sort son insanité sur Canal + il nous semble que d’une certaine façon, sa désinvolture est comme une sorte d’insulte à la France et aux Français, en les prenant pour une vulgaire marchandise que l’on gère d’une façon purement mécanique, genre « gestion des stocks ».
Nous on est pas un stock, on n’est pas de la marchandise. On est des Héritiers, qui ont reçu et qui veulent transmettre. Ce n’est pas tout à fait la même chose…..
(1) : Voir la note « Humeur : Trop d’arabes en Arabie ? Trop de jaunes en Chine ? CSA cherche « non crétins », désespérément….. » dans la Catégorie « Immigration : Identité ou Désintégratioin nationale ?… ».
Cincinnatus sur Une initiative papale qui, curieusement, arrive…
“Nous ne sommes pas capables en France d’une révolution de velours, nous sommes incapables de faire…”