On a pu lire récemment avec plaisir un petit commentaire fort intéressant de Philippe Séguin.
« La crise peut s’avérer bénéfique sur le long terme », a estimé le président de la Cour des Comptes dans un entretien au Parisien Dimanche et Aujourd’hui en France Dimanche.
Il y met toutefois une condition : « Qu’on n’oublie pas, dès que les beaux jours seront revenus, les principes dont on aura reconnu la nécéssité quand ça allait mal ».
Entre autres pépites de cet entretien, on notera que – comme tant d’autres, bien obligés d’abandonner leurs rêveries insensées sur la fin des nations et autres billevesées…. – Philippe Séguin reconnaît implicitement qu’il se réjouit de la redécouverte du rôle de l’Etat face à la crise, dont il est incapable de prédire la durée.
Bref, tout ce que dit Séguin est bel et bon. On regrettera juste, tout en lui donnant acte d’une certaine lucidité qui l’honore, qu’il n’ait pas une vision de plus grande envergure de cette crise; qu’il ne prenne pas davantage de recul, et de hauteur; et qu’il en reste pour ainsi dire à une vision technique et gestionnaire de la crise qu’il évoque. Et qu’il n’en perçoive pas la partie la plus importante : cette crise est, en réalité, fondamentalement et essentiellement une crise antrophologique et ontologique; sans vouloir tomber dans l’excès, elle est une crise de l’homme…
Et si, comme le dit très justement Séguin en début d’entretien, cette crise « peut s’avérer bénéfique sur le long terme », il faut bien admettre que malheureusement la fin de l’entretien ne tient pas les promesses du début. C’est une fin qui nous laisse sur notre faim… Séguin n’imagine retirer de la crise que des bénéfices matériels et de technique de gestion, là où ce qu’on peut en attendre est, au contraire, que nos sociétés retrouvent des bases saines, stables, solides et durables; et pas seulement des bases matérielles, mais surtout des bases morales, mentales et spirituelles. Le matériel, comme l’intendance, suivra…
Cela, Séguin ne l’a pas soupçonné, et c’est dommage. Ne le condamnons pas trop cependant : n’a-t-il pas fait un pas, malgré tout, dans la bonne direction ? Il fait ainsi penser à ces personnes d’Oran dont parle Camus, dans La peste : « …Mais il est des villes et des pays où les gens ont, de temps en temps, le soupçon d’autre chose. En général, cela ne change pas leur vie. Seulement il y a eu le soupçon, et c’est toujours cela de gagné… »
En effet,SEguin comme tous ces roitelets républicains et démocratiques,s’il a quelques soupçons des causes démontre son impuissance et doute même des solutions avancées pour l’avenir.C’est une des tares de notre pays:
l’incurie du personnel des partis politiques.