Un château reconstruit sur les ruines du communisme ! Le Humboldt Forum, nouvel ensemble à vocation culturelle, sera construit sur l’emplacement même de l’ancien château royal des Hohenzollern, détruit en 1950 sous la période communiste.
Ses façades seront absolument identiques à celles de l’ancien palais, comme le montre la simulation ci dessous.
Pour ce faire, on aura d’abord détruit le palais de la république, construit à Berlin-Est dans l’épouvantable style stalinien sous le régime communiste. Ironie de l’Histoire, et preuve que la roue tourne : ce palais de la république avait remplacé le château royal des Hohenzollern (monument baroque, endommagé par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale), en étant construit sur son emplacement même. Voilà aujourd’hui un retour à la case départ, et le remplaçant-remplacé…..
Le nouveau palais restitué sera doté des mêmes façades baroques que l’ancien; il rassemblera de collections issues du musée ethnologique et du musée d’art asiatique de Berlin, ainsi que des collections scientifiques de l’Université Humboldt; et comportera également des auditorium, salles de cinéma, restaurants, cafés et magasins; le tout, donc, sur l’emplacement même de l’ancien palais royal, en face du Berliner Dom, la cathédrale de Berlin, sur les rives de la Sprée.
Fort bien. Les Russes ont de la chance, qui ont « récupéré » leur cathédrale du Christ Sauveur, dynamitée par Staline et reconstruite par Alexis II. Les Allemands ont de la chance, qui vont récupérer le palais des Hohenzollern, dynamité lui aussi par les marxistes.
Et nous, quand est-ce qu’on aura de la chance ? Quand est-ce qu’on va récupérer un peu, un tout petit peu de cet extraordinaire patrimoine culturel et artistique dont la révolution nous a privé, elle qui en a détruit entre le quart et le tiers ? Ne pourrions-nous pas prendre exemple sur les Russes et les Allemands qui, eux, ont bien compris l’intérêt multiple que trouve un peuple à se ré-enraciner dans son Histoire.
Et si nous, chez nous, nous reconstruisions les Tuileries ?
http://www.linternaute.com/savoir/grands-chantiers/06/interviews/alain-boumier/interview.shtml
Nous en avons déjà parlé (1), eh bien reparlons-en, en lisant aujourd’hui l’excellent article-manifeste d’Hilaire de Crémiers sur Le château de Paris…..
Si Paris voulait….. L’amour est si proche de la haine, c’est bien connu, par Hialire de Crémiers.
Le palais des Tuileries devrait être là devant ses jardins. Il manque à cet endroit qui souffre d’un vide. Il fut brûlé dans un accès de folie ; sa carcasse calcinée ne demandait pourtant qu’à ressusciter. La haine idéologique décréta sa destruction ; ses débris furent mis à l’encan. C’était une sottise de plus : c’était priver Paris de son château.
Descendre l’avenue des Champs Elysées comme une voie triomphale, traverser la place la mieux tracée du monde, entrer dans les jardins dont la simple et pourtant fameuse ordonnance ne peut être que le noble préambule à la majesté architecturale, et arriver sur le château de la capitale, lui-même servant d’entrée à l’immense composition monumentale du Louvre, cela avait du sens. C’était le sens de l’histoire : d’une histoire de France bien comprise.
Les siècles avaient imaginé peu à peu cette suite d’aménagements urbains et architecturaux. Il est évident pour qui sait voir, qu’aujourd’hui le château fait défaut. Les jardins l’appellent ; la cour du Carrousel l’attend de ses deux bras tendus. Et il n’est pas là ; il n’est plus là.
Un symbole éloquent.
Cette absence est un signe et qui parle fort. Il marque une discontinuité, là où l’esprit attendrait le plus la continuité. C’est vrai dans l’ordre architectural ; c’est encore plus vrai dans cet ordre plus subtil que l’architecture et l’urbanisme manifestent : l’ordre politique. Paris n’a plus de tête et Paris, qu’on le veuille ou non, c’est la France.
L’histoire des Tuileries est éloquente. Voilà un palais qui fut voulu, conçu, édifié au milieu des troubles, en pleine guerre civile qui n’était autre que religieuse et politique, les pires de toutes, celles qui ravissent de tout temps les Français qui en font des rhétoriques, des idéologies, puis des partis et enfin des factions, leur continuel et cruel plaisir, leur sempiternelle autodestruction.
La reine Catherine en avait décidé la construction comme la meilleure réponse à l’insanité du temps. Réponse d’ordre et de beauté. Le palais royal serait en dehors de l’enceinte de la ville turbulente et cependant à proximité. Il serait, certes, distinct du Louvre, l’antique forteresse capétienne devenue le château fort des Valois, si gracieusement transformé par François 1er ; et pourtant il serait relié à lui par la longue galerie du bord de l’eau. Tout était dit dans ce dessein magistral. Il n’était pas jusqu’aux jardins qu’elle voulait magnifiques qui ne fussent précédés d’une ligne de défense en forme de redoute.
Le palais dont Philibert Delorme fut le premier et génial architecte, serait celui de la paix et donc de tous les raffinements et de toutes les fêtes ; et, en même temps, celui qui est prêt à connaître l’adversité, c’est-à-dire, chez nous, indéfiniment la guerre intestine. Son destin était scellé. Bonheur ? Malheur ? Et malheur jusqu’où ? Il n’est pas jusquà la galerie elle-même qui dès l’origine, même si elle servit autrement, ne fut conçue à la fois comme un passage lors des nécessaires retraits et comme un lieu d’exposition, à la manière des galeries florentines. En un mot, c’était le château qu’il fallait à la tête politique de la France. Et Catherine était une tête politique. Elle eut bien d’horribles défauts et les scrupules ne l’arrêtaient point ; elle n’était pas florentine pour rien. Mais la reine-mère savait ce qu’elle voulait. Les libelles calvinistes à quoi se sont ajoutés les pamphlets des ligueurs, en ont dressé un noir portrait de sorcière sous prétexte qu’elle interrogeait les astres et les astrologues. Les historiens sérieux ne s’y sont pas mépris. Ni notre grand Balzac qui en fit le sujet d’un de ses romans historiques ; jamais cet écrivain, profond sociologue de la France éternelle et puissant esprit politique, n’a écrit de pages aussi fortes sur l’ordre national français et la légitimité qui en est la naturelle assise.
Et Catherine a passé sans voir son dessein aboutir.
Une histoire d’amour et de haine.
Si Paris avait voulu, la fusion nationale se faisait dans son château, au milieu de ses jardins et sur ses places. Le roi de France aurait été d’abord le roi de Paris ; et les Valois continuaient les Capétiens, comtes de Paris et rois de France. Mais voilà. Les révolutions de Paris, toutes sanguinaires depuis déjà longtemps, celles du XIVe, du XVe, du XVIe siècles, menées par on ne sait quel démon toujours le même, politico-religieux, chimérique et violent, ont rendu le séjour difficile et souvent amer aux Valois. Ils furent plusieurs à devoir quitter leur capitale au galop de leur cheval, déguisé et solitaire, nocturnement. Cependant, c’était toujours pour se jurer d’y revenir, « Par la brèche », s’il le fallait !
Les joyeuses réconciliations aussi vibrantes que les séditions ne pouvaient assurer une vraie confiance. Aussi aucun roi ne s’y fia. Henri III qui fut celui de nos rois qui eut sans doute le plus haut sens de la légitimité nationale et de la continuité politique, fut contraint avec son cousin Navarre, héritier nécessaire, à la fois si loin et si proche, d’assiéger un Paris où les ligueurs les plus exaltés parlaient de république avec plus de véhémence que les plus républicains des calvinistes. Jusqu’où vont les passions ! 1589-1789 : à deux siècles de distance, mutatis mutandis, que de ressemblances dans les révolutions de Paris ! Et Henri III fut assassiné par un moine jacobin ! c’était son état et son ordre, qui se croyait investi d’une mission.
Henri IV, consciencieusement et politiquement catholique, y fit une entrée triomphale ; il s’intéressa à son palais et à sa galerie dont il pressait l’achèvement, comme à la reconstruction du Louvre, devenu sien. Il aimait les jardins qui, alors, étaient à l’italienne. Sa trop grande familiarité avec son peuple lui coûta la vie : un fanatique le poignarda.
Les Bourbons après lui poursuivirent l’oeuvre entreprise, tant sur le Louvre que sur les Tuileries et les jardins attenants avec leurs meilleurs architectes et jardiniers pour donner peu à peu une forme définitive, et qui soit de style vraiment français, à ces monuments de gloire royale et parisienne, dessinant progressivement tout un environnement de places et de monuments, et traçant les avenues en nobles perspectives. Et, certes, ils y séjournèrent ; et, certes, ils y donnèrent des fêtes dont l’une, le fameux carrousel de 1662, donna son nom à la cour du château. Mais rien n’y fit. Ils ne s’y posèrent pas ; ils n’en firent pas le siège principal de leur gouvernement et de leur cour. Ils craignaient d’être humiliés par Paris. Louis XIV, enfant, avait quitté, lui aussi, la ville à la va-vite et nocturnement. Ce sont des souvenirs qui ne s’oublient pas. Ils s’intéressèrent donc à leurs autres châteaux, proches de Paris, et s’installèrent à Versailles. C’était les Parisiens qui se déplaçaient pour aller voir leur roi. Le roi, la reine ne venaient plus à Paris que dans les grandes occasions. C’était, d’ailleurs, pour y être acclamés. Les Tuileries en souffrirent et servirent autrement.
Si les Bourbons avaient voulu, ils auraient affronté leur peuple, au lieu de s’en retirer, et c’eût été pour mieux le charmer : ils le pouvaient. Quand la foule parisienne vint à Versailles chercher la famille royale, la révolution ne badinait déjà plus : ce fut tragique et laid ; et non pas triomphal. Les Tuileries ne furent plus un palais mais une prison. Le roi en sortit avec femme et enfants, nocturnement comme tant de ses prédécesseurs, mais son escapade fut mal conçue et son retour plus piteux encore.
Si Paris se retrouvait dans son histoire?
Dans son palais parisien d’où il tentait de gouverner une révolution ingouvernable, il n’avait plus qu’à attendre l’émeute, fomentée par la Commune, qui venait, de « journée » en « journée », briser ses portes pour l’insulter. Jusqu’au fatal 10 août 1792. Le roi n’y soutînt pas le siège. Les massacreurs en profitèrent. La représentation nationale auprès de laquelle il s’était réfugié, l’enferma dans la tour du Temple, puis le jugea et le condamna à mort. Sa tête tomba sur la place royale face à son palais. Quel signe ! Tragique mais démonstratif.
D’autant plus démonstratif que la « Convention » s’empressa de s’emparer du palais et les « Comités révolutionnaires » d’y siéger. C’était le lieu de la légitimité nationale. Ils s’en revêtaient ! Cette fois-ci, les ordres partaient des Tuileries et ils avaient force exécutoire ! Paris commandait à la France mais pour quelle aventure et quelle tyrannie ! Le Premier consul ne s’y trompa pas quand il y établit sa résidence officielle. Et l’empereur y installa sa cour. Ne voulait-il pas s’inscrire dans la continuité ? du moins en donner l’apparence ? Il poursuivit le dessein architectural et fit le raccordement du Louvre au Tuileries par la galerie du nord. L’Histoire s’imposait à lui. Mais lui donnait-elle la légitimité ?
Les régimes se succédaient, se bousculant l’un l’autre dans les mêmes escaliers, sous les mêmes porches, à travers les mêmes galeries. Les souverains de la Restauration savaient bien qu’ils devaient résider aux Tuileries. Mais comment échapper aux humeurs, aux railleries de Paris et surtout à sa presse ? Aucun pouvoir n’y résiste. Même pas le légitime ; et même quand il est bon et bienfaisant : il suffit d’une naïve imprudence et les grands mots s’envolent, les balles sifflent. Louis-Philippe si pacifique, si accommodant et pourtant si ferme, avec sa magnifique famille, n’y résista pas non plus. Les rois durent fuir leur palais pour n’y plus revenir.
Napoléon III tenta de nouveau l’aventure bonapartiste et impériale. Les Tuileries le consacrèrent et il en fit le palais enchanteur de la fête impériale autour de la plus gracieuse, de la plus légitime et de la plus légitimiste des impératrices. Il acheva l’ensemble monumental du Louvreet des Tuileries comme pour mieux assumer l’Histoire. L’expérience brillante s’acheva en catastrophe et la catastrophe une fois de plus en révolution ; et le palais s’embrasa. Paris a fini par brûler son château.
Que de malentendus pour aboutir à quel crime ! Histoire triste et stupide, et pourtant prodigue en merveilles d’art et d’intelligence ! La république opportuniste ou radicale, bourgeoise au mauvais sens du terme et laïcarde, n’a pas trouvé mieux que de loger son président dans l’ancien hôtel d’une favorite royale. Il paraît que cette pensée révoltait Charles De Gaulle.
Ni l’Assemblée nationale n’accepterait de quitter son Palais-Bourbon, le bien-nommé, ni le Sénat son palais du Luxembourg, ni le Conseil Constitutionnel et le Conseil d’Etat leur Palais-Royal, ni les différents ministères leurs hôtels prestigieux: ils savent tous, consciemment ou inconsciemment, qu’un éclat de légitimité en rejaillit sur leurs institutions. Et alors, dira-t-on ? Cela prouve beaucoup. Il serait temps d’arrêterles malentendus de l’histoire et, pour en donner un signe certain, de prendre la décision
de bâtir le château de Paris, à l’emplacement légitime que lui consacre l’histoire. Et qu’il soit, cette fois-ci, le palais de la France !
(1) : Voir la note du 21 septembre 2008 « Journées du Patrimoine : Un signe fort, mais dans le mauvais sens….. alors qu’on pourrait faire tant !….. » dans la Catégorie « Patrimoine, visibilité de notre Être profond… ».
Bonjour et merci à tous. Monsieur Alain Boumier vient de monter vers Dieu, que va devenir ce projet de reconstruction des Tuileries? Monsieur Druon est parti, les promoteurs semblent disparaître les uns après les autres. Et personne n’a parlé du décès de cet homme que je crois, courageux et honnête. Amicalement.
Madame Dujol Marie-Louise