En 1975, à la mort de Franco, l’Espagne est inquiète : depuis quarante ans, qu’on aime ou non le Caudillo, il est clair qu’elle connaît une stabilité qui lui a permis un décollage économique certain et, même si elle est encore nettement à la traîne dans de nombreux domaines, tout semble possible, tous les espoirs semblent permis.
Mais que va-t-il se passer ? La stabilité va-t-elle se poursuivre, avec les progrès qu’elle permet ? Ou, l’Espagne rattrapée par ses vieux démons, les fantômes d’une Guerre Civile encore présente dans tous les esprits vont ils replonger le pays dans les querelles fratricides.
Avec, pour corollaire inévitable et redouté, la réduction à néant de tous les efforts et de tous les progrès enregistrés depuis 40 ans…
Or – et l’on ne peut que s’en réjouir, aussi bien pour l’Espagne que pour l’Europe… – c’est le meilleur qui s’est produit : la Royauté a donné un « signal fort », elle a libéré les énergies et, en rassurant tout le monde, elle a permis aux espagnols de franchir le cap délicat de l’après-franquisme et de se remettre au travail: en devenant « les japonais de l’Europe », ceux ci ont non seulement consolidé leurs progrès et leurs acquis des quarante années du franquisme, mais ils ont solidement assaini et conforté leur économie, et donc leur Société (avec les aides de l’Europe, c’est vrai, il convient de ne pas l’oublier…..).
Qu’a donc fait le Roi ? Rien ! Il a été là, c’est tout. Au sommet de l’État, laissant les gouvernements agir, mais supprimant par sa seule présence la guerre stérile pour la conquête du poste suprême.
On voit bien, chez nous, l’effarante dépense d’énergie que représente la conquête de la Présidence : cette énergie, bien sûr, n’est plus employée à Servir, ce qui est tout de même l’essentiel ! En soustrayant le sommet du pouvoir à la compétition permanente, le Roi d’Espagne a rendu sereine la vie politique: l’exécutif, ce qui est légitime, est resté soumis à l’opinion, avec alternance ou continuité selon les résultats des élections, mais le système a pu fonctionner sans heurts majeurs grâce à la stabilité apportée par la présence du Roi.
Oui, on peut affirmer sans aucune exagération que c’est la Royauté, et la simple présence du Roi, même doté de peu de pouvoirs de gouvernement direct, qui a rendu possible l’extraordinaire développement de l’Espagne depuis 1975….
Tout simplement parce que, comme le disait Jean Moréas sous forme de boutade, mais une boutade qui va beaucoup plus loin qu’il n’y paraît, et qui n’est pas dénuée de profondeur : « Le principal avantage de la monarchie ? C’est en ceci qu’elle supprime la république ! ».
Le roi d’Espagne n’a pas besoin de disposer de pouvoirs étendus, ni même d’aucun pouvoir immédiat, pour instaurer au sommet de l’Etat cet espace a-démocratique que nous appelons de nos vœux. Un espace a-démocratique soustrait aux enchères electorales et qui, comme dans toutes les autres royautés européennes, assure la sérénité, la stabilité, la continuité ; qui assure et incarne la permanence de la nation, sur le temps long, à côté des légitimes fluctuations de l’opinion, se traduisant par des changements de Premiers ministres, mais sans les soubresauts ni les craintes parfois cataclysmiques que l’on connaît chez nous…..
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“Alors les grands penseurs de la gôôôche on se réveille ? On a une panne de…”